Un homme suicidaire voit sa nouvelle tentative de suicide interrompue par un coup de sonnette intempestif. La porte s’ouvre sur un homme qui le menace d’un revolver. Tout est prêt pour un dialogue délirant jusqu’à ce que la jeune voisine du dessus s’en mêle à son tour.
Matthieu Delaporte, auteur avec Alexandre de la Patellière du Prénom, qui a triomphé en salle comme dans son adaptation au cinéma, s’est lancé dans l’écriture de cette pièce au cours d’une de ses multiples insomnies. Le sommeil, parfois appelé la petite mort, ne voulant pas lui rendre visite, il a pensé à la mort, la vraie, et il l’invite avec l’ironie et l’humour qu’on lui connaît. Elle n’est pas effrayante, mais bien humaine avec des problèmes de travail et de formation. Les répliques claquent, pétries d’humour noir, percutantes et drôles. Ainsi au visiteur qui lui demande quelle est sa dernière volonté, le suicidaire répond « un gilet pare-balles » ce qui est plutôt démotivant pour le tueur ! Comme l’auteur aime beaucoup les chansons populaires, il s’en sert pour accentuer l’effet comique. Régulièrement, le suicidaire finit la phrase du tueur avec la fin d’un tube connu de tous.
Matthieu Delaporte a retrouvé son complice habituel, Alexandre de la Patellière pour la mise en scène. Le beau décor dessiné par Marie Cheminal nous installe dans un appartement moderne et un peu froid avec ses tons marrons, ses miroirs et sa baie vitrée qu’on imagine comme une véritable incitation au suicide. Au-dessus un ciel étoilé où passe des étoiles filantes deviendra ensuite le balcon de la voisine du dessus.
Kyan Khojandi a le charme mélancolique de Bertrand, le suicidaire, « nul en blagues et en devinettes », oscillant entre pessimisme lucide et résigné, et optimisme désespéré, ce qui convient au comique désarmant du personnage. Eric Elmosnino est le « tueur ». Brillant comme à son habitude, il fait de son personnage un électron libre, sans état d’âme, cherchant à échapper à l’ennui et qui a réponse à tout. Adèle Simphal, fragile et délicate complète la distribution.
En cette saison où les pièces abondent sur la vieillesse et la mort, celle-ci l’aborde en riant, c’est réjouissant !
Micheline Rousselet
Jusqu’au 31 mars à La Scala, 13 boulevard de Strasbourg, 75010 Paris – du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h – Réservations : 01 40 03 44 30 /wwwlascala-paris.com
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