Le quatre centième anniversaire de la naissance de Molière est actuellement célébré par trois mises en scène (au moins) de Tartuffe, qui circulent sur les scènes françaises (dont deux que nous avons déjà chroniquées sur ce blog).

Le Tartuffe Théorème de Macha Makeieff. Ce qui semble essentiel à la metteuse en scène dans la pièce, au-delà de l’hypocrisie religieuse, c’est la manipulation. Tartuffe se sert de la religion pour assurer son emprise sur une famille bourgeoise en voie d’explosion, comme le faisait le mystérieux envoyé dans le film Théorème de Pasolini, en séduisant un à un tous les membres de la famille.

Le Tartuffe ou l’Hypocrite de la Comédie Française, mis en scène par Ivo van Hove, original par deux aspects. D’abord il s’agit de la version initiale de la pièce censurée après deux représentations et qui n’avait jamais été jouée. Reconstituée par le grand spécialiste de Molière Georges Forestier, c’est une version en trois actes où disparaît le dénouement avec deus ex machina. Ensuite le metteur en scène en donne une version sombre et très érotisée, où Tartuffe est celui qui fait éclater cette famille dysfonctionnelle et séduit vraiment Elmire.

Le Tartuffe ou l’imposteur mise en scène de Yves Beaunesne. Décors et costumes années 60, gospels chantés sur scène pour accompagner la bigoterie de Tartuffe. Le metteur en scène voit dans la pièce une satire sociale qui évoque pour lui le film Parasite de Bong Joon-Ho. Du riche et du pauvre qui est le parasite de l’autre ? Tartuffe est un « gueux ». Par sa piété ostentatoire, il met Orgon sous son emprise, le ruine et le coupe de sa famille. Il se croit parvenu au sommet de la fortune, mais à la fin, l’envoyé du Roi le renvoie à sa condition de gueux et tous les membres de la famille, réunis à nouveau, le rouent de coups, ajoutant la mort physique à sa mort sociale.

Trois mises en scènes, trois interprétations qui prouvent que Molière fait partie de ces génies de la littérature qu’on peut lire et relire en y trouvant toujours une nouvelle richesse.

Micheline Rousselet

Pour le Tartuffe de Yves Beaunesne : jusqu’au 6 février au Théâtre Montansier à Versailles, du mercredi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h – en tournée ensuite : 10 février au Centre des Bords de Marne au Perreux, 16 et 17 février l’Azimut à Châtenay-Malabry, 7 et 8 mars à la Scène Nationale d’Albi, le 18 mars au Théâtre Alexandre Dumas de Saint-Germain-en-Laye, le 22 mars au Théâtre de la Colonne à Miramas, le 29 mars au Théâtre l’Olympia à Arcachon. Nombreuses autres dates en avril et mai 

Pour les deux autres Tartuffe, dates sur le blog avec les critiques

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