Rhoda Scott, organiste « aux pieds nus » faut-il le rappeler, 83 printemps, a construit un quartet de Lady toujours en devenir. Elle a décidé d’aller encore plus loin avec « Lady All Stars », un septet composé de la fine fleur du jazz en France. Sophie Alour, saxophone ténor, Céline Bonacina au saxophone baryton, Lisa Cat-Berro, Géraldine Laurent, les deux au saxophone alto dans des registres différents, Airelle Besson à la trompette et au bugle, Anne Paceo, Julie Saury aux batteries pour créer une musique joyeuse, revendicative, pleine de bruits de cette fureur contre un système capable de discréditer les femmes parce qu’elles sont femmes. En se regroupant, elles montrent aux yeux de tous qu’il est nécessaire de redécouvrir toutes les femmes oubliées enfouies sous le patriarcat ambiant. Des sensibilités différentes pour mettre en œuvre des compositions et arrangements de chacune pour jouer sur les questions réponses entre l’orgue et le petit grand orchestre comme un écrin pour les solistes.

Musique de feu évocatrice de Mingus comme de Mary Lou Williams ou Shirley Scott, du free jazz, de tous les débordements nécessaires pour faire bouger les corps et les esprits, une musique de l’âme pour affronter un monde de plus en plus barbare, pour résister et se sentir bien contre une société en train de perdre toutes ses valeurs. Le jazz retrouve ici sa vocation originelle : le combat pour la dignité par la sauvagerie de compositions qui bousculent les règles tout en se revendiquant à juste titre de la tradition. Une composition de Sophie Alour, enregistrée en public, résume bien un des impératifs du groupe : « I wanna Move ».

A écouter toute affaire cessante. Rien n’est plus urgent que cet album.

Nicolas Béniès

« Lady all star », Rhoda Scott, Sunset Records/Baco


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