1960 : la grande pianiste Clara Haskil tombe dans un escalier mécanique de la Gare de Bruxelles. Au seuil de la mort, à 66 ans, elle revoit sa vie, la maison de son enfance brûlée à Bucarest, sa petite sœur sauvée par son père, sa capacité dès le plus jeune âge à rejouer un morceau juste entendu, ses années d’apprentissage pas toujours faciles loin de sa mère et de ses sœurs, la maladie, les inquiétudes pour sa famille pendant la guerre, les concerts qu’elle vit au début comme une épreuve épouvantable, les succès, les amis, mais aussi la solitude et les doutes.

Ému à l’audition d’enregistrements de cette pianiste que Charlie Chaplin classait, aux côtés d’Albert Einstein et de Winston Churchill, dans les trois génies qu’il avait rencontrés, le Belge Serge Kribus a décidé de raconter sa vie.

Laetitia Casta souhaitait revenir au théâtre et cherchait un texte. Elle a été touchée par le texte de Serge Kribus (pourtant un peu plat) et par le destin et la personnalité de cette pianiste exceptionnelle, qui a toujours su poursuivre son chemin en dépit des deuils, de la maladie, de l’isolement, de la solitude et des humiliations pour vivre pour et par la musique. L’actrice a fait appel au metteur en scène Safy Nebbou avec qui elle avait déjà travaillé sur Scènes de la vie conjugale, adapté d’Ingmar Bergman. Pour faire revivre cette légende du piano qu’est Clara Haskil, l’actrice et le metteur en scène ont souhaité laisser une grande place à la musique. Deux pianos sont sur scène, un piano droit évoquant celui sur lequel Clara Haskil jouait quand elle était enfant et un piano à queue, celui des concerts. La pianiste turco-belge Isil Bengi, habituée des tournées internationales de concerts, y joue avec fougue et émotion les morceaux qui ont fait la gloire de Clara Haskil. Cheveux tressés en natte dans le dos, elle apparaît un peu comme le double de Laetitia Casta coiffée comme elle. Loin de la top model qu’elle fut, seule en scène, vêtue d’une robe intemporelle, qui pourrait être aussi bien celle d’une fillette que d’une femme discrète, l’actrice fait entendre la voix de Clara et de ceux qui l’entourent, sa mère, son oncle, son premier professeur aimé et admiré, puis Alfred Cortot, professeur sévère qui considère qu’elle « a une nature qui ne convient pas à la musique » et ses amis. Avec grâce et sensibilité, elle jongle d’une voix à l’autre pour évoquer la vie de la pianiste, une vie de succès mais aussi de doutes qui, dit l’actrice, trouve des échos en elle, ce qui la rend très émouvante.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 23 janvier au Théâtre du Rond-Point, 2bis avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris – du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h – Réservations : 01 44 95 98 21 / theadutredurondpoint.fr

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