« La vierge Marie, quand elle apparaît pas, elle fait quoi ? », « Y a plus d’grands penseurs et en province c’est pire », « Moi je voterai pour l’Europe quand elle sera dans la France », « Moi j’vous l’dit les maladies moins on en a, mieux on se porte » !

Tous ces aphorismes, parfois absurdes (« Plus je bois et plus je suis saoul, parce que moi je suis logique »), souvent d’une logique qui déraille à l’improviste (« moi j’ai jamais voté et on n’a jamais manqué de Président »), Jean-Marie Gourio les recueille depuis trente ans au comptoir des cafés et en a tiré plusieurs livres. Jouant sur les mots (« avec police on peut faire picole »), surfant sur la politique, la religion, la mort (« un jour je mourrai comme ça ce sera fait ! »), le mariage, la télé et absolument tous les sujets, ce qu’on appelle fort justement LA philosophie de comptoir prend son envol mine de rien, libre, fougueuse, étrange, parfois délirante, toujours drôle.

Jean-Michel Ribes avait mis en scène en 1989 certaines de ces Brèves de comptoir dans l’émission Palace jouées par un Jean Carmet, client solitaire du comptoir de ce palace. En 1994 avec Jean-Marie Gourio il les « met en théâtre ». Suivies par Les Nouvelles Brèves de comptoir, elles ont reçu divers prix et c’est une nouvelle saison, tout à fait à la hauteur des précédentes, qu’il ajoute à la série.

Il a bien sûr placé ces habitués dans un café. Ils y passent beaucoup de temps, on les trouve donc endormis sur place dès le matin, se réveillant avec la radio allumée par le patron. Au fil de la journée, ils filent parfois vers les vitres où les appellent les bruits de la rue, une sirène de pompiers ou un feu d’artifice. Sur le comptoir, les verres s’accumulent. Ils parsèment leurs propos de force « putain ! », « moi j’dis ça », « si on va par là ». Le petit monde des habitués des bistrots est là, l’ouvrier en bleu de travail, l’homme en jean et veste de jogging brillante, des femmes, le garçon qui revient sans cesse à un propos aussi absurde qu’obsessionnel. Le metteur en scène a su s’entourer d’un groupe d’acteurs drôles et convaincants dans leur rôle de piliers de bistrots philosophes : Philippe Duquesne, Nanou Garcia, Gilles-Gaston Dreyfus, Philippe Magnan, très pince-sans-rire, Marie-Christine Orry, avec sa voix qui rappelle celle d’Arletty et Philippe Vieux.

Un condensé d’humanité avec toute sa folie car « Excusez-moi, mais si on parlait pas, on dirait quoi ? »

Micheline Rousselet

À partir du 9 novembre au Théâtre de l’Atelier – Place Charles Dullin, 75018 Paris – du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h – Réservations : 01 46 06 49 24

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