Comment vivent les femmes aujourd’hui, que veulent-elles dire à leurs filles sur les combats à mener, sur ceux qui l’ont été, sur les progrès réalisés, sur ce qu’il faudrait encore faire. Catherine Hauseux a fait parler des femmes de Villeneuve-Saint-Georges de tous âges, de toutes origines, de tous milieux sociaux sur leur vie, leur rapport aux hommes, à la famille, au travail. Elle en a tiré une galerie de portraits vivante, où les femmes soulèvent, parfois avec révolte mais toujours avec humour, la question du traitement inégal des filles et des garçons. Elle relève les petits progrès réalisés dans le partage des tâches domestiques, mais remarque avec humour que les hommes se consacrant au bricolage quand les femmes font le ménage, ce sont elles qui ont le travail que personne ne remarque alors que la nouvelle porte installée par l’homme attire tous les éloges ! Progrès aussi dans l’éducation où on n’oblige plus, du moins dans nos sociétés, les filles à servir leur frère. Progrès aussi chez les nouveaux pères. Elle relève aussi la part de responsabilité des femmes dans un certain nombre de ces situations parce qu’elles sont plus habituées à être dociles et qu’elles n’osent pas dire non. 

Ce pourrait être une étude sociologique tant les remarques sont fines. Pourtant c’est vivant et souvent très drôle. Elle aligne les points de vue des unes et des autres, comme un débat avec soi-même. Relever ce qu’ont de gênants les regards des hommes sur le corps des femmes est assez consensuel mais parler de la trouille que peuvent avoir les femmes sur l’accouchement ou sur la façon d’élever des enfants l’est moins. Et que dire de l’injonction muette que ressentent les femmes dont on attend qu’elles soient des femmes, des mères, des amantes, des copines… parfaites !

Dans la mise en scène de Stéphane Daurat, Catherine Hauseux commence à parler tout en étendant le linge. C’est une fort bonne idée car même si les tâches ménagères sont mieux partagées aujourd’hui, l’entretien du linge reste l’apanage des femmes. Seule en scène, avec quelques images en fond de scène, faisant défiler des prénoms, des dates, quelques images d’archives, changeant de tenue à vue, elle nous embarque dans ce monde des femmes, ici et ailleurs. Jeune femme qui parle de sa mère, jeune fille qui confie avec l’accent des banlieues ses énervements, y compris là où on ne l’attend pas (« les filles ont trop de liberté, elles font n’importe quoi ! »), mamie qui parle de ce droit de vote des femmes arrivé si tard ou du progrès considérable pour les femmes que fut le droit à l’avortement, elle les incarne successivement avec un talent fou.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 30 juillet, les vendredis à 19h15 – Théâtre Essaïon, 6 rue Pierre au Lard, 75004 Paris – Réservations : 01 42 78 46 42 ou www.essaion.com

Jusqu’au 31 juillet les jeudis et samedis à 19h15, on peut voir l’autre volet du diptyque Quand je serai un homme avec Catherine Hauseux et Stéphane Daurat

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