Sous le soleil de Sicile, Oscar accompagne chaque jour son père pour des recherches dans les décharges. La récolte quotidienne de ferraille est la seule source de revenus de la famille.

A l’autre bout de la ville, Stanley le nigérian survit tant bien que mal en effectuant des petits travaux pour le curé de la paroisse.

Ils ne se connaissent pas mais tous deux sont animés du même désir de connaître un jour une vie meilleure.

Michele Pennetta a toujours été attiré par la Sicile et dans chacun des films qu’il a jusque-là réalisés, il s’est intéressé à des personnages marginaux, des invisibles aux yeux de la société, ces laissés pour compte qui se battent chaque jour pour survivre et garder la tête hors de l’eau. De là à aborder les problèmes liés aux flux migratoires, il n’y a qu’un pas.

Dans ses documentaires, la question récurrente de savoir comment regarder aujourd’hui la réalité de l’immigration est posée et il la traite de façon inédite.

Dans « Il mio corpo » il brouille la frontière entre le documentaire et la fiction.

Autrefois et jusqu’aux année 1970-1980 les mines de souffre ont donné du travail aux Siciliens. Aujourd’hui, les mines abandonnées sont devenues pour certaines des décharges que hantent notamment les ferrailleurs et il ne reste plus que des vestiges d’une ancienne richesse.

C’est au cours de repérages du côté de ces immenses décharges que le réalisateur a rencontré Marco et sa famille. Le métier de ferrailleur s’est imposé à ceux qui sont restés sur place.
Dans « Il mio corpo » Michele Pennetta filme les deux personnages d’Oscar et Stanley en miroir. A l’origine de projet, il n’y avait personne d’autre que le personnage de Marco qui constituait une matière assez riche en elle-même mais c’est en découvrant que l’île abritait un des plus grands centres pour migrants que s’est imposé le personnage de Stanley.

Le film de Michele Pennetta échappe au misérabilisme grâce à la grande vitalité dont font preuve les personnages, à la lueur d’espoir d’une vie meilleure qui reste toujours présente et par le traitement d’une mise en scène marquée par de nombreux contrastes notamment entre la beauté de l’image, la qualité des lumières et la réalité de la misère.
En essayant de sublimer l’environnement, de mêler la misère et la beauté, Michele Pennetta a fait de ce contraste un des thèmes du film.

Le titre du film fait référence à la religion. Le déroulement du récit compte de nombreuses références à ce sujet : le curé de la paroisse qui emploie Sranley pour l’entretien de l’église, la découverte de la statue de la vierge dans la décharge, la musique du film avec le choix d’un morceau de Pergolèse qui parle de corps mourant et du sacrifice du christ.

Francis Dubois

« Il mio corpo » Un film de Michele Pennetta (Italie) sortie en salles le 26 mai.

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