C’est à Trézène dans le Péloponnèse que Phèdre se meurt d’amour pour son beau-fils Hippolyte. Sur les conseils de sa nourrice et croyant son époux Thésée mort, elle avoue son amour à Hippolyte. Celui-ci, qui aime la jeune Aricie que son père lui a défendue, est atterré. Mais Thésée revient, croit son fils coupable et déchaîne sur lui la colère des Dieux.
On reconnaît là la pièce de Racine. Ce sont des extraits mêlés à des poèmes de Yannis Ritsos, tirés de Le mur dans le miroir et du texte qu’il a consacré à Phèdre dans un recueil sur les héros de la mythologie, qu’a choisis de mettre en musique Cécile Garcia Fogel. À l’origine elle avait conçu le spectacle accompagné de mélodies inspirées de flamenco, d’un peu de jazz et de rengaines enfantines.
Désormais l’épure l’emporte. Il n’y a plus que trois personnes sur scène, deux comédiennes-chanteuses (Cécile Garcia Fogel et Mélanie Menu) et un guitariste qui chante aussi (Ivan Quintero).
Le décor est minimal à l’image de cet oratorio funèbre, c’est la lumière qui sculpte les corps. Les gestes sont mesurés, contraints, à l’image des sentiments amoureux. Tout le texte est chanté et l’harmonie et la musique des vers tant de Racine que Yannis Ritsos se déploient voluptueusement. La musique apparaît comme une longue plainte répétitive où l’on perçoit quelques échos du rebetiko, cette musique populaire grecque si mélancolique. Un dépouillement envoûtant.
Micheline Rousselet
Création au Théâtre 14 à Paris les 10, 11, 12 mars puis au Théâtre du Nord à Lille les 31 mars, 1 et 2 avril (Représentations réservées aux professionnels de la presse) – Puis, si les conditions sanitaires le permettent, du 6 au 23 avril dans la région des Hauts de France et le 25 avril au Musée Würth-Erstein (67)
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