« Narcisse. Toi tu te tais »

Narcisse est un artiste suisse, champion de slam, mais aussi musicien et vidéaste. Vêtu de noir comme un rocker, il versifie, joue sur les mots, les allitérations. Sa langue s’amuse, mais défend aussi des idées. Il porte un regard ironique sur notre civilisation qui « a passé plus de temps à regarder la vidéo de Gangnam style qu’à construire les pyramides » ou sur les réseaux sociaux qui refusent la vision d’un sein mais que ne gênent pas les images de massacres. Il ne se tait pas, sa poésie dénonce la censure, l’omniprésence des téléphones portables, la mainmise de la télévision, de la publicité et des réseaux sociaux sur nos vies, la novlangue des spécialistes de la « business economy » comme le machisme des beaufs ordinaires.

Le voyage n’est pas que poésie. Derrière lui ou à côté neuf écrans vidéo s’animent, se déplacent et glissent. Des images apparaissent, parodies de publicité, extraits de vidéo virales, images d’archives, d’artistes comme Brassens ou Brel, qui eux aussi défendaient l’indépendance et la liberté. Le spectateur est saisi de vertige, tant tout cela s’enchaîne avec une précision millimétrée. Cela devient même diabolique quand on se demande comment on est passé du vrai Narcisse à son image.

Le guitariste Robin Pagès, à ses côtés, l’accompagne tantôt calme, tantôt déchaîné.

Pris dans le vertige des mots et des images, on ne perd pas de vue les valeurs que défend le poète : refus du conditionnement par les media, hymne à la liberté, à la tolérance, au respect de l’autre. Des valeurs qu’il rappelle en conclusion de son spectacle, dans un poème qu’il a écrit pendant le confinement, hommage aux soignants, aux enseignants et à tous ceux qui ont permis à la vie de continuer.

Toi, tu te tais, et bien non justement pas !

Micheline Rousselet

Les lundis à 19h30 – Théâtre de Trévise – 14 rue de Trévise, 75009 Paris – Réservations : 01 45 23 35 45 et sur www.theatre-trevise.com