Un trio bizarre : une trompette, Kenny Warren, aussi le compositeur des thèmes de l’album, « In the Heat », dans la fournaise new-yorkaise l’été, une basse, Matthias Pichler qui joue un rôle essentiel de soubassement rythmique et un batteur, Nathan Ellman-Bell déployant toutes les ressources de l’instrument pour dialoguer avec l’un ou l’autre tout en prenant sa place. Les références sont multiples bien que les titres des thèmes racontent une histoire pour donner à la musique une plus grande consistance. Ornette Coleman, l’AACM – une association créée à Chicago longtemps présidée par Muhal Richard Abrams -, en particulier Roscoe Mitchell, la musique des Balkans et la musique contemporaine. La pulsation du jazz est présente, surtout véhiculée par le bassiste, mais pour le reste le travail du trio s’éloigne des canons habituels du jazz, même du free.
Le parcours du trompettiste, Kenny Warren, lui-même est révélateur de cette nouvelle épopée, du folk au free, du jazz aux musiques américaines. Le trompettiste murmure, feule, crie, rit pour construire un monde qui sort de ce monde. Un périple étrange qu’il faut suivre pour comprendre les interrogations actuelles sur le périmètre du jazz.
Une musique qui sait se suffire à elle-même.
Nicolas Béniès
« In the Heat », Kenny Warren trio, Whirlwind Records.
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