Le corps nu d’une femme gît sans vie sur un chemin en plein milieu de la steppe mongole. Un jeune policier sans expérience est désigné pour monter la garde auprès du cadavre en attendant l’arrivée de l’équipe qui sera chargée de l’enquête. Seul au milieu de vastes espaces, face au danger des loups, une jeune bergère malicieuse et indépendante a été désignée pour l’assister durant la nuit.

Le lendemain matin l’enquête reprend et la bergère retourne à ses activités de gardienne de chevaux mais cette nuit aura changé les choses.

Cinéma : la femme des steppes
Cinéma : la femme des steppes

En langue mongole le film de Wang Quanan a pour titre «  Ondog  ». Le mot signifie œuf. Il ne s’agit pas seulement des œufs de dinosaure dont il est question dans l’histoire et qui fait l’objet d’un commerce en Mongolie, mais de tous les œufs et entre autres celui de la conception de vie.

Il y a beaucoup d’œufs de dinosaures en Mongolie qui se vendent très bien à l’étranger et qui sont donc très convoités. Mais l’œuf du titre du film n’est pas un œuf de dinosaure.

Les films de Wang Quanan (celui-ci est le sixième) associent la cruauté, l’humour et l’absurde.

«  La femme des steppes » est un film à la fois rugueux et d’une grande douceur naturelle.

Tous les personnages, depuis le jeune flic naïf dont le dispositif vestimentaire n’autorise à voir le visage que rarement jusqu’à la gardienne de troupeaux solitaire totalement occupée à protéger les bêtes dont elle a la charge des prédateurs, en passant par le prétendant qui lui propose le mariage sont indemnes de toute psychologie et semblent n’agir que guidés par leur seul instinct.

Ce film est le regard posé sur un monde qui nous est, nous occidentaux, totalement étranger ; Les hommes et les femmes du récit affichent une placidité, une sérénité qui leur épargnent des états d’âme, tous ces tourments, ces questionnements qui encombrent nos esprits.

La bergère au très beau visage et qui dégage naturellement une grande sensualité, lorsqu’elle éprouve une attirance pour le jeune flic, ne passe pas par quatre chemins pour se laisser aller à son désir, même si elle fait l’amour son arme à portée de main et reste attentive, même an centre de son plaisir, au moindre bruit qui pourrait annoncer un danger.

Rien ne prouve que lorsqu’il fait l’amour à la gardienne de troupeau, le jeune flic y mette le moindre sentiment même ponctuel et la demande en mariage du prétendant qui répond sans doute à des sentiments anciens ne s’embarrasse d’aucune forme ou fioriture sentimentale pour la formulation de la proposition.

La pudeur dont font preuve les personnages ne provient pas d’un souci réfléchi de dissimiler ses désirs ou sentiments mais d’un état d’esprit lié à une culture.

Il faut voir dans «   Dans la femme des steppes, le flic et l’œuf  » une œuvre passionnante à plusieurs niveaux. Une œuvre qui est dans son éclatement narratif même d’une grande cohérence et qui offre au spectateur un dépaysement d’une heure et demie garanti…

Francis Dubois


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