A Contagem, ville populaire du Minas Gerais brésilien, un coup de feu retentit et sème la panique parmi les invités venus fêter l’anniversaire de Selma, la fiancée de Marcos.
Cet événement va lier les destins de Selma, Ana, Marcos,Beto et Miro qui ont en commun de se démener pour améliorer leur existence et trouver leur place « au cœur du monde ».
L’un veut faire fructifier son entreprise de photographie scolaire, l’autre devenir chauffeur Uber ou un troisième, braquer les demeures riches sécurisées.
« Au cœur du monde » est le premier long métrage de Gabriel Martins et Maurilio Martins mais les personnages qui y apparaissent et certaines situations existaient déjà dans au moins deux de leurs courts métrages. A cette sorte de fidélité aux personnages, il faut ajouter que les lieux de tournage étaient également leurs lieux de vie et que la maison qui sert de décor de façon récurrente au film est la maison où Maurilio Martins a vécu, à laquelle il est resté attaché et où il retourne à chaque fois que l’occasion se présente.
Le film repose sur cinq personnages qui occupent à tour de rôle le devant de l’histoire, qui quelquefois s’associent ou se retrouvent pour des moments dialogués qui prennent leur temps .
Et sur les presque deux heures que dure le film, l’action se limite à considérer les uns et les autres dans des séquences en creux qui parlent en filigrane des conditions de vie de ces personnes dont on pourrait dire qu’ils sont les invisibles de la société, les laissés pour compte, ceux qui puisent leur énergie et leur plaisir dans le « peu » que leur accorde une position sociale inférieure.
On peut rapprocher « Au cœur du monde » d’un autre film brésilien sorti récemment sur les écrans français « Temporda ».
Deux films qui s’attachent au même type de personnages, des hommes et des femmes issus de la frange la plus populaire de la population, exposés à des difficultés économiques ; certains s’accommodant de leur situation, résignés et d’autres qui , prétendant à des conditions de vie meilleures, peuvent avoir recours à des actions contestables.
Ces deux films très proches appartiennent au renouveau du cinéma brésilien.
Mais que va devenir ce cinéma en plein essor qui s’impose de plus en en plus dans les festivals les plus prestigieux, sous un régime totalitaire, au moment où on assiste à une menace qui pèse sur tout ce qui est culturel ainsi que sur les minorités qu’on isole en augmentant la pauvreté ?
Une œuvre originale, sensible à mettre à l’actif d’un cinéma novateur.
Francis Dubois
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