Prisonniers d’une île perdue au large de la Nouvelle-Angleterre dans les années 1890, coupés du monde par une tempête qui leur paraît interminable, deux gardiens de phare aux personnalités contrastées s’opposent et se livrent à un face à face cruel, à une guerre des nerfs. Alors que le tension entre eux atteint son paroxysme, des forces impétueuses réelles ou imaginaires se manifestent sur l’île.
Après le succès de son premier film « The Witch », Robert Eggers retrouve les paysages de la Nouvelle Angleterre de son enfance, troquant la vie rurale du XVIIème siècle contre l’univers maritime de la fin du XIX ème.
Le film multiplie les références aux grands classiques de la littérature sur la navigation d’Herman Melville à Robert Louis Stevenson, aux récits teintés de surnaturel de Howard Lovecraft et de Algermon Blackwood dans une réalisation qui reste cependant une œuvre très personnelle.
Robert Eggers se concentre sur le face à face psychologique et la confrontation physique entre deux hommes qui vident leur sac dans le contexte particulier qu’est une nuit de tempête si violente qu’elle revient à un enfermement.
« The lighthouse » est un huis-clos à ciel ouvert, un film nocturne qui est le plus souvent éclairé par la lueur de bougies et qui se déroule pendant un déchaînement des éléments, exacerbant les sentiments hostiles des protagonistes.
Pour l’écriture de dialogues, Robert Eggers et son frère Max, ont lu l’œuvre de Melville et celle de Stevenson ainsi que les dictionnaires d’argot de XIXème siècle ou encore, se sont plongés dans le vocabulaire spécifique de la marine, pour trouver les termes les plus adaptés.
Quant à l’esthétique du film, en dehors d’un noir et blanc profond, Robert Eggers a puisé dans les références littéraires, picturales et musicales de documents historiques et notamment des photographies de la vie des marins de Nouvelle Angleterre dans les années 1890.
La découverte d’un ancien phare bâti en 1909 muni d’une lentille de Fresnel en état de marche particulièrement réfléchissante, permettant à la lumière d’être vue à une très grande distance, a inspiré l’essentiel du décor.
Tous les décors de « The lighthouse » ont été des reconstitutions. Et pour créer la pièce maîtresse qui donne son nom au film, le décorateur Graig Lathrop et son équipe ont construit un phare grandeur nature au Cap Fourchu dans la province canadienne de la Nouvelle Écosse.
Le financement bouclé, Robert Eggers a contacté les deux acteurs qu’il avait en tête pour les uniques rôles du film, celui d’Efraïm Winslower et Thomas Wake, William Dafoe et Robert Pattison qui sont magnifiques dans des partitions contrastées.
Une œuvre audacieuse, fascinante, parfaitement aboutie.
Francis Dubois
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu