Philippe Honoré poursuit sa collaboration avec le metteur en scène Philippe Person, en adaptant l’essai de Pascal Bruckner, où celui-ci explore les multiples visages du sentiment amoureux, le désir, le mariage, la séparation, la fidélité, l’érotisme et s’amuse de nos émois, de nos fantasmes et de nos tourments. Il a fallu près de trois siècles pour permettre à chacun d’aimer qui il veut et comme il veut. Pour autant la question de savoir comment concilier l’amour et la liberté reste entière. Comme le dit l’essayiste « L’amour demeure cette part de l’existence que nous ne maîtrisons pas. Il reste impur, fait d’or et de boue, un enchantement ambigu. Gommez l’ambiguïté, vous tuez l’enchantement ».

Théâtre : Le paradoxe amoureux
Théâtre : Le paradoxe amoureux

Philippe Honoré a eu l’idée de transposer l’essai dans le cabinet d’un psychanalyste, le lieu où chacun ressasse, se met à nu, dit sa vérité, mais aussi quelques mensonges ! Y défile une galerie de personnages savoureux, celui qui aime trop, le jaloux, le collectionneur « qui aime les commencements », la déçue, celle qui veut partir mais hésite, le mal aimé. Toute cette galerie renvoie peut-être à nous, un seul homme ou une seule femme à un moment différent de l’amour.

Sur scène deux chaises où sont assis le psychanalyste, Philippe Person, et ses multiples patient.e.s, tous interprété.e.s par Pascal Thoreau. Sur les bords, comme pour un pas de côté, Florence Corre intervient parfois pour apporter une réflexion plus philosophique sur le sujet ou se mue en boxeuse aux gants rouges, car le sentiment amoureux est loin d’être un long fleuve tranquille, ou en équilibriste sur une ligne-fil tentant d’éviter de tomber dans la zone d’incertitude que comporte toute vie amoureuse. Quelques projections et archives sonores élargissent le sujet, un micro-trottoir sur la sexualité, très drôle, une réplique du Mépris avec Michel Piccoli et Brigitte Bardot.

Philippe Person épouse les silences du psychanalyste, manifeste par le regard ses étonnements ou questionne, légèrement ironique. Florence Le Corre change de tenue pour épouser toutes sortes de fonctions avant de se muer en psychanalyste pour soulager son pauvre confrère, qui commence à être épuisé d’entendre en permanence parler de mariage, d’adultère et de séparation plus ou moins douloureuses. Pascal Thoreau se glisse merveilleusement dans la peau de tous ces pauvres humains, qui brûlent ou rêvent de retrouver leur liberté, les mesquins, les jaloux, ceux qui ont peur de ne plus plaire comme ceux qui se croient irrésistibles.

On a pitié d’eux, on en rit beaucoup aussi. Et c’est de nous en fait que nous rions car nous sommes un peu de tous ceux-là à l’image de Pascal Bruckner qui disait « Je suis présent dans tous les chapitres de ce livre, j’y ai mis en scène mon propre désordre ».

Micheline Rousselet

Du mardi au samedi à 19h, dimanche à 15h

Théâtre du Lucernaire

53 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris

Réservations : 01 45 44 57 34 ou www.lucernaire.fr


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