Chloé et Paul Diallo se sont absentés de chez eux pour des vacances de plusieurs semaines. Au cours de cette période où ils n’occupaient pas leur maison, ils l’ont prêtée à la nounou de leur fils.
Mais de retour de voyage, la famille Diallo trouve porte de bois.
Les serrures ont été changées et la nounou et son compagnon déclarent être chez eux, un engagement, en apparence anodin, que les deux parties ont signé avant le départ leur accordent le statut de locataires officiels.
Pour Paul Diallo, c’est le début d’un combat auquel il n’était pas préparé et qui va faire vaciller son couple, ses valeurs et son humanité…
Au départ, le scénario de « Furie » est inspiré d’un fait divers survenu à Port-Leucate, la mésaventure d’un couple qui avait prêté sa maison à des amis en difficulté et qui, en rentrant de vacances, découvrent leur villa transformée en camp retranché.
Ce problème de squatteurs existe plus qu’on ne le pense. Des occupants peu scrupuleux mais à qui la loi donne raison s’il a été demandé un changement de nom sur les factures EDF, si les serrures sont changées et si les occupants peuvent justifier de leur présence dans les murs pendant 48h consécutives.
Dans le film, l’erreur de Paul est d’avoir signé imprudemment un papier qui fait des occupants au départ occasionnels, des locataires.
« Furie » part de cette situation absurde et pose la question de la violence, celle que l’on subit mais aussi de la violence qui existe en chacun d’entre nous, dont on n’a pas conscience mais qui nous révèle dans certaines circonstances, la part en nous de sauvage et de civilisé. Il développe le fait qu’on a, dans des circonstances extrêmes, à se confronter à une part primitive de nous-mêmes.
Paul reste pendant toute une première partie du récit peu réactif et c’est à force de lui avoir reproché implicitement sa passivité, sa patience, sa résignation, que le spectateur révolté par l’injustice dont il a été victime, finira par se réjouir de le voir exploser enfin pour reprendre son bien.
Le personnage de Mickey, le propriétaire du camping où privé de son domicile, le couple a installé sa caravane, sorte d’ange noir, aussi séduisant que vénéneux, va mettre Paul sur le rail de la vengeance et lui révéler sa part de violence.
Aussi amical que pervers, aussi lisse que complexe, Mickey trouve sa dimension dramatique avec l’interprétation de Paul Hamy, comédien à la présence charismatique qui donne à son personnage un parfait dosage de confiance et de danger, de calme et de menace…
Si « Furie » est une réalisation française, on peut l’apparenter par ses débordements de violence à des films américains comme « Chien de paille » de Sam Peckinpah ou « Les nerfs à vif » de Scorcese.
La musique de Clément Téry, le choix de la maison à l’architecture presque futuriste et les libertés d’étrangeté et de distanciation qui rythment le récit comme les masques de cochons lorsqu’ils apparaissent, participent de la part anxiogène du récit.
Si Adama Niane (Paul) et Stephane Caillard (Chloé) sont parfaits, une grande partie de la force troublante du film revient à Paul Hamy (Mickey), impressionnant.
Un divertissement sauvage, cruel et violent, presque totalement abouti…
Francis Dubois
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