Allemagne 1945, Marthe Hoffnung connue sous le nom de « Chichinette, la petite casse-pieds » infiltre les lignes ennemies, réussit à berner les Allemands et à réunir de précieux renseignements qui ont peut-être bien contribué à modifier le cours de l’histoire.
Soixante quatorze ans plus tard, à quatre vingt dix neuf ans, elle fait le tour du monde comme une rock-star et témoigne inlassablement de son extraordinaire histoire.
Elle est née le 13 avril 1920 à Metz dans une famille de juifs orthodoxes, peu après le rattachement de l’Alsace Lorraine à la France. En 1939, elle se réfugie comme de nombreux mosellans à Poitiers, dans la Vienne. Et c’est là qu’elle décide de rester après l’occupation de la France par l’Allemagne.
Après l’arrestation de sa sœur Stéphanie en 1942, elle organise le repli de toute sa famille de Poitiers vers la zone libre où elle peut vivre grâce à de faux papiers. Son fiancé Jacques Delaunay, engagé dans la résistance est arrêté et fusillé en 1943. C’est alors, qu’après avoir obtenu un diplôme d’infirmière, elle tente sans succès de rentrer dans la résistance. En août 1944, elle est versée, en tant qu’infirmière dans le 151ème régiment d’infanterie où son supérieur, le jeune Colonel Fabien, lui propose, puisqu’elle parle allemand, d’intégrer les services de renseignements. Après plusieurs tentatives malheureuses d’infiltration en Alsace, elle parvient à pénétrer en Allemagne par la Suisse.
Trompant l’ennemi, elle collecte alors de précieuses informations qui vont faciliter l’avancée des troupes françaises. Elle informe ses supérieurs de l’abandon de la ligne Siegfried et signale une importante embuscade de la Wehrmacht en Forêt Noire et à ce titre obtient de nombreuses récompenses, la croix de guerre en 1945 et la médaille militaire en 1999.
En 1958, elle épouse Major Lloyd Cohn et s’installe en Californie.
En 2002, elle publie un livre qui retrace son histoire : « Une espionne juive dans l’Allemagne nazie ».
« Chichinette, ma vie d’espionne » qui retrace l’itinéraire de cette femme d’exception contourne le tracé du biopic classique grâce à deux éléments essentiels : le fait que Marthe soit toujours en vie et merveilleusement performante et grâce à une construction qui laisse une large place à une voix off et à un texte rigoureux, sur lesquels défilent des images décalées du contexte dont la beauté et la simplicité apporte au film une note poétique.
Cette construction virtuose apporte à l’ensemble une fluidité et les apparitions lumineuses de cette femme de quatre-vingt dix neuf ans, depuis ses activités pendant la seconde guerre mondiale jusqu’à l’enthousiasme dont elle fait preuve sont une grande leçon de vie.
Efficace, tendre, poétique et cruel….
Francis Dubois
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