Mathias et Maxime sont deux amis d’enfance. Leurs rapports amicaux et limpides ne sont menacés d’aucun changement jusqu’au jour où, pour les besoin d’un court métrage amateur, on leur demande de jouer une scène qui consiste en une étreinte et un baiser amoureux. Contre toute attente, à la suite à ce baiser d’apparence anodin qu’ils ont accepté d’échanger comme un jeu, rien ne sera plus comme avant. Un doute s’est installé imposant aux deux garçons le choix de leurs préférences, bouleversant l’équilibre de leurs cercles d’amis, de tous leurs proches et bientôt de leur existence.
« Mathias et Maxime » parle d’amitié, des liens potaches qui peuvent unir une bande de copains de toujours à la fin de l’adolescence, alors qu’ils ne savent pas encore que l’échéance de la maturité les guette. « Mathias et Maxime » est un film d’une apparente et trompeuse simplicité car si, avec l’échange d’un baiser fougueux entre les deux garçons dont il ne nous offre d’ailleurs à voir que l’ébauche, Xavier Dolan ne se contente pas de traiter du léger trouble qui en résulte.
Toute la force du film réside dans l’hésitation à fixer le vrai sujet sur lequel il repose.
Le trouble qui gagne les deux garçons du moment qu’ils ont échangé un baiser existera en filigrane et l’effet de l’étreinte sera récurent, mais sans qu’il n’occupe jamais le devant du récit, laissant périodiquement la place au fonctionnement joyeux de la bande de copains de toujours, à l’environnement qui tisse l’univers affectif de l’un et de l’autre.
Comme chacun des films de Xavier Dolan, « Mathias et Maxime » est qu’on le veuille ou non, un événement cinématographique.
Il l’est autant pas la justesse de son regard sur ses personnages, sur les situations, sur l’usage du « creux » et du «saillant » du sujet, sur ce que montrent les protagonistes d’eux et sur ce qui leur échappe, sur les limites que la pudeur impose aux plus extravertis, sur les flottements des mouvements de l’âme dans le traitement de la dramaturgie.
Le montage des séquences est virtuose, avec les faisceaux différents dont il éclaire les unes et les autres, qu’il s’agisse de mettre en valeur les décors ou les profondeurs de l’âme.
Xavier Dolan est un peintre pudique de la vie profonde, un réalisateur de sa génération et ses audaces n’ont d’égal que son extrême mesure à les traiter, que sa pudeur et sa modestie triomphante.
Ses films sont un ravissement pour ceux qui savent les regarder, regarder ce qu’ils montrent et à condition qu’on ne crie pas avec les loups, avec tous ceux qui, au lieu de les savourer, préfèrent prendre une idiote revanche sur son immense talent, sur sa filmographie brillante à un âge trop précoce…
Il faut aller voir « Mathias et Maxime », absolument pour les deux heures de plaisir qu’il offre.
Francis Dubois
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