Deux jeunes françaises Kenza et Yael s’engagent auprès d’une brigade internationale pour agir aux côtés des combattantes kurdes. Les jeunes femmes, toutes dévouées à leur choix, sont de cultures différentes mais profondément solidaires. Ces sœurs d’armes pansent leurs blessures mais elles découvrent leur force et en tant que femmes, la peur qu’elles inspirent à leurs adversaires.
Caroline Fourest est passée du documentaire à la fiction pour répondre à l’urgence qu’il y avait pour elle à aborder le sujet de femmes qui sont passées de la pire oppression (être vendues comme des esclaves sexuelles) au sommet de la puissance quand elles prennent les armes pour se venger du mépris et de la violence de leurs bourreaux.
Caroline Fourest qui travaillait avec l’équipe de Charlie Hebdo a été très éprouvée par le drame de janvier 2015 et c’est peut-êtres parce que Charb parlait souvent de s’engager aux côtés des combattants au Kurdistan, qu’après son assassinat, elle s’est sentie comme chargée d’une mission.
Elle n’allait pas prendre les armes mais le cinéma allait être son moyen à elle de combattre.
« Sœurs d’armes » qu’elle allait réaliser n’est pas tiré d’une seule histoire vraie mais de plusieurs récits allant dans le même sens, de plusieurs rencontres et de témoignages de « yézidis » qui avaient réussi à échapper à des massacres au cours desquels ils décrivaient ce qui était survenu après la razzia de Sinjar.
Et si Zara, le personnage du film, est une artiste-peintre, c’est en hommage à Charlie Hebdo et au fait de répondre à l’horreur pas le dessin.
La réalisatrice s’est rendue à trois reprises au Kurdistan irakien, avant pendant et après la reprise de Mossoul.
Face aux manières d’agir des hommes de Daech proches de celles des SS pendant la seconde guerre mondiale, la violence des armes était la seule réponse et le cinéma, la seule réponse à Daech qui faisait reposer ses méthodes sur l’utilisation d’images de propagande.
Les femmes engagées dans la lutte savaient sur quoi reposait leur pouvoir majeur.
Face à elles, les rois de la virilité étaient terrorisés à l’idée d’être abattu par des femmes, ce qui leur interdisait après la mort, l’accès au paradis. Soudain la haine des femmes, le mépris qu’ils avaient à leur égard se retournait contre eux.
Les scènes de combats et d’affrontements qui ponctuent le film sont particulièrement saisissantes, épiques et d’un extrême précision.
Pour régler les chorégraphies qu’exigeait chacune d’entre elles, Caroline Fourest s’est autant inspirée des tournois des chevaliers quand les véhicules qui se croisent tentent de toucher l’adversaire que de « Mad Max » avec des voitures équipées par Daech pour résister aux balles.
Le seul bémol qu’on pourrait apporter à ce film d’action remarquable, c’est une scénarisation parfois débordante, l’inclusion dans un enchaînement de scènes épiques de moments qui forcent inutilement l’émotion alors que le traitement strict du sujet aurait pu suffire.
L’interprétation de « Soeurs d’armes » est remarquable. Toutes les comédiennes sont à citer, aussi convaincantes dans leur jeu dramatique que dans les scènes d’action où elles sont confondantes de vérité.
Francis Dubois
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