En 1999, au moment des fêtes de fin d’année, à Olloy, une bourgade des Ardennes belges, un enfant disparaît mystérieusement. Les soupçons se portent tour à tour sur plusieurs villageois et l’atmosphère jusque là bon enfant devient lourde et incandescente. Mais faute d’éléments à charge dans le dossier et le corps de l’enfant demeuré introuvable, l’affaire est classée. Jusqu’au jour où, des années plus tard, un événement inattendu vient mettre sur la piste de l’identité de l’auteur de la mort de l’enfant….
« Trois jours et une vie » est une commande passée par l’écrivain Pierre Lemaître (« Au revoir l à haut ») au réalisateur Nicolas Boukhrief. L’auteur du livre a sollicité le metteur en scène en lui proposant le script de l’adaptation de son roman. Nicolas Boukhrief n’avait jusque là jamais tourné de film dont il n’avait pas écrit lui-même le scénario.
Les premières séquences du film s’appliquent à décrire le paisible déroulement des journées d’un village rythmé par les habitudes et hérissé ça et là de vieilles rancœurs incontournables, d’une curiosité de l’autre limitée à un relais de ragots.
On est chez Pierre Lemaître et non chez Simenon et les qualités qu’on peut trouver à la réalisation de Nicolas Boukhrief est qu’il s’est appliqué à réaliser un film à hauteur de son récit, une illustration sage et très raisonnable du sujet.
Les comédiens semblent embarrassés : la parfaite Sandrine Bonnaire dans le rôle d’une mère seule à élever son garçon doué qui rêve de devenir médecin,(ce à quoi il sera parvenu dans le seconde partie du film), Charles Berling en personnage colérique, père emporté de l’enfant disparu, Philippe Torreton en médecin du village, humain et dévoué à ses patients.
Il faudra attendre la seconde partie du film avec le retour au village de l’enfant prodige de Sandrine Bonnaire devenu médecin pour que le récit se réveille de sa torpeur.
L’arrivée à l’écran de Pablo Pauly révélé dans « Patients » de Grand Corps Malade, bientôt accompagnée de l’éclaircissement de l’enquête, relance l’intérêt pour cette histoire qui illustre le sujet du « criminel-innocent »
Entre temps Sandrine Bonnaire toujours parfaite n’a pris que quelques cheveux blancs tout comme Charles Berling qui n’a rien perdu de sa nature emportée. Philippe Torreton a un peu plus blanchi mais sa générosité est intacte.
Nicolas Boukhrief est un réalisateur appliqué dont on ne peut que louer le travail soigné, la qualité des plans. Il avait un peu inquiété avec « La confession » en s’attaquant à une adaptation de « Léon Morin, Prêtre » de Béatrice Beck marqué à jamais du sceau de la mise en scène remarquable et épurée de Jean-Pierre Melville, par l’interprétation inspirée de Jean-Paul Belmondo et d’Emmanuelle Riva. Il ronronne dans la conduite du récit planplan de « Trois jours et une vie »
On peut s’enfonce confortablement de son fauteuil, regarder l’histoire se dérouler et ne pas s’ennuyer.
Francis Dubois
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