Un professeur d’anglais, monsieur Pipota, accompagne des élèves à un cours de natation en piscine. Il s’est équipé d’un slip de bain acheté en catastrophe et d’un bonnet de caoutchouc rouge vif qu’on lui a prêté.
La médiocrité de sa brasse et un accoutrement ridicule provoquent les moqueries de certains élèves alors que d’autres, pour lui faire boire la tasse, lui enfoncent la tête sous l’eau.
Farce de potache, incident mineur ou au contraire, tentative d’assassinat ?
Les avis sont partagés chez les professeurs et l’indulgence dont font preuve la cheffe d’établissement le professeur principal de la classe contrastent avec la position du Censeur des études qui voit dans une sanction exemplaire le moyen de revenir à l’ordre et qui a l’intention de mettre l’incident entre les mains de la justice.
Autorité abusive, sur-interprétation, excès d’indulgence frisant le laxisme, dérapages d’un système en roue libre ; au collège « Trinité », on est soucieux de la réputation de l’établissement et du respect de la règle.
Jean-François Saint-Exupéry, le préfet d’études a la rigueur de ceux qui sont farouchement à cheval sur les principes mais qu’un goût du pouvoir sournois va conduire à la suite de ridicules excès d’appréciation jusqu’au drame.
Yves Ravey est professeur d’arts plastiques et de lettres en collège. Son roman « Le Cours classique » qui n’était nullement destiné au théâtre, porte un regard sans concessions sur le fonctionnement étriqué d’un établissement scolaire rigoureux mais confronté à l’évolution des mentalités où les élèves ne sont plus aussi respectueux de la hiérarchie.
Joël Jouanneau et Sandrine Lanno dans leur adaptation, ont axé leur travail sur la progression sourde des tensions qui opposent les deux personnages que sont le professeur principal Conrad Bligh et le censeur des études, Jean-François Saint-Exupéry.
En filigrane, le texte qui en résulte questionne sur la médiocrité « ordinaire » de la nature humaine sur le talent diabolique de ceux qui cherchent à la contraindre.
Deux personnalités contrastées qui, pour justifier leur position, se positionnent face aux spectateurs qui deviennent, tour a tour, les élèves de la classe ou les membre de la commission chargée de prononcer le verdict final.
Si le spectacle qui se donne sur le plateau de la salle Tardieu du Théâtre du Rond Point ne perd jamais de vue le regard porté par l’auteur sur un monde en désarroi où chacun, comme un beau diable, tente de se justifier et invente sa propre défense, il est avant tout dans les partitions ou excellent deux comédiens magnifiques, chacun dans un registre à la fois voisin et différent.
Ce que Philippe Duclos et Grégoire Osterman nous proposent est au-delà de la performance. C’est un travail d’orfèvres, à la fois modeste et flamboyant.
Francis Dubois
Théâtre de Rond-Point 2 bis avenue Franklin Roosevelt 75 008 Paris. Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) :01 44 95 98 21 / theatredurondpoint.fr
Réservations au 01 44 95 98 21 / theatredurondpoint.fr
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