Quel spectateur de théâtre n’a pas eu envie un jour de se glisser dans une salle pour observer le travail du metteur en scène et des comédiens préparant une pièce et de suivre leurs débats ? Eh bien c’est chose faite ! Dan Jemmett et David Ayala nous emmènent sur le plateau où se terminent les répétitions de Macbeth, pièce célèbre de Shakespeare et pas la plus simple, une pièce que nombre de metteurs en scène ont montée en cherchant, avec plus ou moins de réussite, une lecture originale.

Sur le plateau nu, avec juste une petite table dans un coin, David Ayala est ce metteur en scène accroché à son cahier, celui qui contient les fameuses notes. Il échange avec les acteurs, les techniciens, l’équipe artistique. Il est survolté car on est à la veille des représentations et comme d’habitude tout le monde est en retard. Habité par les principes avant-gardistes d’un « théâtre de la distorsion », il veut se démarquer des mises en scène précédentes. Il vante le « génie » de son créateur vidéo, l’allemand Rainer, dont il dit « je ne comprends rien à ce qu’il fait mais c’est magnifique » ! Il récrimine contre l’équipe qui n’a pas bien compris la différence « entre le rythme et le tempo », contre la costumière et le responsable du son. Il bouscule ses acteurs, dit « je ne peux pas le faire puisque je ne suis pas acteur » mais il ne cesse de le faire ! Il commence par dire « ce que tu fais est très beau », avant de se lancer dans la démolition. Il cherche des images pour faire comprendre ce qu’il souhaite et le spectateur hésite, tout comme l’acteur probablement, entre le désir de comprendre et le fou rire. Il a dû inciter les acteurs à faire des propositions, mais se trouve plutôt déconcerté quand l’un lui a fait dix-sept propositions sur la diagonale sur laquelle il doit se déplacer ! On sent sa fièvre, ses hésitations, l’envie d’essayer autrement, mais le temps presse. Il dit « on va boire un café et on en parle » mais il n’en est qu’aux notes du second acte, il y en a cinq et c’est pour demain !

Théâtre : Macbeth (The notes)
Théâtre : Macbeth (The notes)

La mise en scène de Dan Jemmett est très réussie. Dans la salle éclairée le metteur en scène de la pièce s’agite, plein de fièvre, piochant dans les notes de son cahier les remarques qu’il a accumulées, puis soudain tandis que la lumière s’éteint dans la salle, le même, sous un éclairage de plateau, se transforme en acteur disant quelques répliques de Macbeth. C’est David Ayala qui est ce metteur en scène en proie à la fièvre créatrice, cachant ses hésitations sous une excitation dictée par l’urgence. Il encourage, morigène (« vous cherchez, c’est bien mais il faut aussi trouver de temps en temps »), nourrit ses jugements avec des mises en scène de théâtre connues ou des films. Il est emporté, ridicule, imaginatif, drôle. Puis sous la lumière il redevient l’acteur jouant Macbeth, cette « histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur et qui ne signifie rien ». Il reste qu’une heure et demie durant, on a suivi avec passion les affres de la création d’une pièce et on a beaucoup ri. Un vrai bonheur de théâtre.

Micheline Rousselet

Du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 16h

Théâtre du Lucernaire

53 rue Notre Dame des Champs, 75006 PARIS

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 45 44 57 34


Bienvenue sur le blog Culture du SNES-FSU.

Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.

Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu