Tout d’abord, il y a le texte, dur, puissant, superbe, qui résonne fortement avec l’actualité. Et pourtant, Bernard-Marie Koltes l’a écrit et fait représenter dans le Off d’Avignon en 1977. Il ne sera édité par Jérôme Lindon que 11 ans plus tard et l’éditeur ne saura pas dans quelle catégorie le classer : théâtre, roman ?
C’est un long soliloque de presque une heure et demie. Celui qui ne se désigne que comme « l’étranger » s’adresse à un inconnu, le sollicite pour une chambre, mais surtout, en revenant sur des anecdotes de sa vie, lui déballe sa solitude, son mal-être et sa peur de tous ceux qui sont « passés de l’autre côté », du côté obscur de la force, dirait-on dans un autre contexte.
Et puis, il y a cette formidable idée de la metteuse en scène, Cecile Rist, qui consiste à placer l’acteur dans l’allée centrale, au niveau des 4ème ou 5ème rang et à le faire s’adresser au spectateur assis là (qu’il installera aussi quelque temps sur scène). Et encore, l’accompagnement musical nostalgique de Bastien d’Asnieres.
Enfin, et ce n’est pas le moins important, il y a la performance de l’acteur Guillaume Tobo, qui ne nous laisse aucun répit et accentue la force du texte.
On ressort de ce spectacle profondément impressionné.
Sylvie Chardon
Le petit Louvre, salle Van Gogh
Tous les soirs sauf le 24 à 22h
23 rue Saint-Agricol – Avignon
04 32 76 02 79
http://www.theatre-petit-louvre.fr
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