A Dresde, en juillet 1937, un enfant, Kurt Barnet visite avec sa tante Elisabeth l’exposition sur « l’art dégénéré » organisée par le régime nazi pour lesquels les représentants notables sont entre autres Picasso, Kirchner ou Chagall.
C’est ce jour-là que le jeune Kurt Barnet va découvrir sa vocation de peintre.
Dix ans plus tard, en RDA, étudiant aux Beaux-Arts, Kurt peine à s’adapter aux diktats du réalisme socialiste.
Tandis qu’il cherche sa voie et tente d’affirmer son style, il tombe amoureux d’Ellie mais Kurt ne peut imaginer que le père de celle-ci, le professeur Seeband, célèbre médecin, est lié à lui par un terrible passé.
Épris d’amour et de liberté, les deux jeunes gens prennent la décision de passer à l’Ouest…
Avec son troisième long métrage, Florian Henckel Von Donnersmarck, oscarisé pour « La vie des autres » en 2006, fait un retour en Allemagne après un brillant épisode hollywoodien.
En s’inspirant du parcours du peintre Gerhardt Richter, il s’interroge sur le sens de la création artistique et sur la difficulté pour un artiste de trouver la voie qui correspond au plus près à ses choix créatifs.
Le film traverse avec ses protagonistes, trente ans de l’histoire de l’Allemagne d’après-guerre et s’attache au parcours intime et poignant de trois destins.
Le scénario est bouclé à l’automne 2015 et si « L’œuvre sans auteur » est un film profondément allemand dans son ADN, il s’adresse, par l’universalité de son sujet, son regard sur l’art dans sa diversité, sur la création novatrice trop souvent contestée, au public du monde entier.
Le film couvre trois périodes bien spécifiques de l’Histoire de l’Allemagne du point de vue de trois personnages principaux : l’artiste Kurt Barnet, Ellie l’amour de sa vie et le professeur Seeband, trois êtres qui, par les hasards des circonstances, se trouvent liés par un lourd secret.
« L’œuvre sans auteur » est un film fleuve au sens ample et généreux du terme tant par l’étalement de son récit sur plusieurs décennies que par les nombreux rebondissements qui en marquent le déroulement.
« L’œuvre sans auteur » est aussi un magnifique et poignant mélodrame où les personnages sont pris au piège de leur destin et où le romanesque cohabite avec un suspense psychologique intense.
Ellie et Kurt sont des victimes du hasard qui vont devoir dépasser des obstacles invisibles.
Mais à propos du professeur Seeband, le débat est engagé : est-il un monstre, un être glacial et tyrannique ? Il représente en tous cas, tous les monstres tortionnaires de l’Histoire qui ont cru agir pour le mieux et qui, par leur aveuglement, n’ont pas pris conscience de toute la cruauté de leurs actes mais qui bien sûr, ont répondu à leur profond goût du pouvoir
L’Histoire perpétue les professeurs Seeband que, par de mystérieux choix, le monde de leurs victimes met lui même en place.
Une réussite !
Francis Dubois.
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