A Rome, Guido la petite quarantaine, s’est installé dans une existence paisible auprès de Chiara qui a l’air de s’en être elle aussi, accommodée ; jusqu’au jour où, à la suite d’un incident qui aurait pu être lourd de conséquences, elle se met à d’interroger sur l’état de leur couple.
Tout à coup plongé dans les incertitudes de sa compagne, Guido décide de prendre du recul et de laisser Chiara seule le temps qu’elle y voie plus clair dans ses questionnements.
Demandant asile aux uns et aux autres en attendant de trouver un logement qui convienne à ses finances, il va découvrir le vrai visage des couples de proches à propos desquels il ne s’était jamais posé aucune question. Et cela jusqu’à celui de ses parents.
D’un canapé à l’autre il va, en approchant l’intimité des autres constater qu’aucun couple n’échappe à la complexité des relations amoureuses.
L’idée de ce film qui prend très vite la forme d’un marivaudage contemporain était, dans le projet de Duccio Chiarini, de raconter des moments de vie dans ces périodes où s’annonce la fin de l’amour avec tout ce que ces passages difficiles peuvent comporter à la fois de drôle, de douloureux et de cruel.
« L’ospite » est un marivaudage. C’est une comédie légère mais c’est aussi, en filigrane, à travers une série de drames passagers, l’état des lieux des relations amoureuses aujourd’hui quand elles sont exposées à des questionnements dangereux qui pourraient correspondre à des exigences plus grandes, une honnêteté à propos de la qualité des rapports dans le couple sans quoi une vie commune peut-être remise en question.
Tout laisse à penser que c’est un phénomène d’époque puisque, dans le récit, elle concerne les parents de Guido chez qui apparaît une forme d’exigence qui n’était sans doute pas dans la préoccupation des générations précédentes.
Etait-on par le passé moins exigeant concernant les aléas survenant dans le couple, tromperie, adultère, mensonge, routine, tentation, aspiration à plus d’autonomie ?
On peut voir de film de Duccio Chiarini comme un film léger, une comédie où l’on sourit souvent ; on peut y voir la peinture d’une société de l’éphémère où le danger de la rupture d’un couple est dans un glissement des valeurs sur lequel la vie à deux repose.
Le chassé-croisé de situations dont Guido est le témoin au fil des différents hébergements est un miroir qui le fait s’interroger sur le déroulement de sa vie avec Chiara, lui révèle, mais peut-être un peu trop tard, son réel attachement à celle qui,de son côté, va faire le choix de son épanouissement professionnel et sacrifier la vie un peu terne mais heureuse qu’elle menait avec Guido.
Guido en premier, mais tous les autres personnages du film témoignent à travers leurs questionnements, leurs hésitations, leur tentations de vivre mieux ou autre chose, leurs choix hasardeux, d’un malaise profond, peut-être la seule raison à ces accidents de couples
Un film juste, émouvant, parfois poignant mais aussi, tellement drôle !
Francis Dubois
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