Sur les hauteurs verdoyantes de Kingston, des musiciens du Reggae se retrouvent pour enregistrer un nouveau disque. Ils n’ont plus vingt ans et trente ans après leur âge d’or et une longue période sombre suivie d’un rebond, ils se préparent à repartir en tournée à travers le monde.
« Inna de Yard » raconte avec émotion et énergie l’aventure humaine de ces chanteurs qui, en plus d’incarner un genre musical mythique et universel, font vibrer l’âme de la Jamaïque.
Inna de Yard est un collectif de chanteurs de reggae légendaires qui ont uni leurs talents pour remonter aux sources de leur musique avec un album enregistré en acoustique en plein air.
Ils ont revisité les titres phares de leur répertoire dans une orchestration comprenant un piano, une basse, une guitare sèche et un ensemble de percussions traditionnelles nyabinghi rasta.
Les bruits de la nature jamaïcaine associés à leurs sonorités si particulières confèrent à l’album toute sa magie.
A la sortie de leur premier album en 2017, le collectif a entamé une tournée internationale et notamment en France où il s’est produit sur la prestigieuse scène de la Philharmonie de Paris mais également à Lyon, au théâtre antique de Fourvière.
Peter Webber a grandi dans l’ouest de Londres où, dans les années 70, le reggae était partout grâce à une communauté jamaïcaine importante et bien établie.
Le reggae a eu sur lui un impact considérable et sa discothèque s’est rapidement remplie de nombreux albums. Mais comme dans toute révolution musicale, la vigueur et la force du genre ont fini par s’émousser et d’autres formes musicales l’ont supplanté.
Au moment récent où le reggae a fait un retour en force, avec l’arrivée d’un nouveau jeunes public d’amateurs, Peter Webber, en vieil amateur, s’est rendu en Jamaïque pour y rencontrer ses idoles de l’époque. Il les a trouvés vieillis mais toujours en activité et en pleine forme musicale.
Il lui est alors apparu qu’il y avait là matière à construire un documentaire sur la trace des plus charismatiques d’entre eux en retraçant les hauts et les bas de leurs vies
Issus des bidonvilles ou de régions rurales, ils ont survécu à des maisons de disques véreuses, aux gangs de la rue, à de violentes rivalités politiques.
De récits en anecdotes, au fil de souvenirs soutenus par leur optimisme à toute épreuve et une foule de projets en dépit de leur âge, ils connaissent un second souffle alors qu’ils approchent du crépuscule de leurs vies, face à un public qui les redécouvre et les acclame.
Bien qu’il s’agisse d’un film musical, les personnages de Kiddus I, le dandy rasta, Ken Bootne, le parrain, Cedric Myton, le leader des Congos, Winston McAnufe, War ou Jah9, le rasta militant, chacun avec sa personnalité mais avec en commun la musique vissée au corps et une belle énergie, constituent le cœur du film.
Des personnes charismatiques, brillantes et souvent excentriques qui ont vécu une vie fascinante dédiée à leur art et qui sont prêtes à faire une place à une jeune génération de musiciens qui veulent perpétuer les traditions et l’influence des aînés.
« Inna de Yard » est un film à la gloire de le bonne humeur, d’une passion commune, d’un optimisme communicatif, une sorte de leçon de vie, d’une vie où on mettrait au rencard les aléas pour ne rester que sur l’essentiel : le bonheur toujours à portée de main….
Vivifiant.
Francis Dubois
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
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