Aux États-Unis, dans les années 50, le docteur Wallace Fiennes a pris Andy, un jeune homme introverti, comme photographe pour documenter sa méthode de lobotomie de plus en plus controversée. Au fur et à mesure de leurs visites d’asiles, Andy, témoin de l’effritement de la carrière et de la vie du Docteur, va insensiblement s’identifier aux patients.
A l’occasion de leur passage dans une petite ville, berceau du mouvement New Age, les deux hommes font la connaissance d’un guérisseur français peu conventionnel et de sa fille….
Le film de Tick Alverson est librement inspiré de la vie du neurologue américain Wilter Freeman rendu célèbre pour ses lobotomies controversées, un homme téméraire et visionnaire mais inconscient des conséquences de ses actes.
Le metteur en scène exprime à travers son film la fascination que lui a inspiré la vie de Freeman en même temps que son rejet de l’imagerie romantique des années 50 aux États-Unis.
« The mountain » est peut-être à égalité l’histoire du docteur Wallace, le tracé de ses difficultés à convaincre du bien fondé de recherches controversées et un objet cinématographique réflexif, un film qui inviterait à considérer sa propre forme, un exercice de cinéma qui inviterait le public à réfléchir en amont et le fasse prendre conscience du « corps » du film.
Le tout est de savoir si le pari est gagné et si le sujet du film qui s’apparente à une sorte de biopic, a réussi à s’accommoder d’une forme narrative poussée à la limite du récit d’autant plus que de constantes ruptures de ton vont dans le sens d’un désengagement et finissent par mettre le film sur le rail d’une expérience.
L’expérience médicale et l’expérience cinématographique s’ajoutent-elles l’une à l’autre ou s’annulent-elles ?
Le sentiment de frustration qu’on peut ressentir à la projection de « The mountain » face à la quasi désincarnation des personnages est-il compensé par la forme expérimentale du film qui, à force de sobriété et d’esthétisme sournois finit par figer le récit et par réduire à des silhouettes les protagonistes du récit ?
Le biopic est une forme cinématographique qui a certes besoin, pour échapper à la linéarité, d’inventer des formes nouvelles.
Il n’est pas certain que la forme choisie par Tick Alverson soit celle qui renseigne le mieux sur le personnage du docteur Wallace et permette au jeune comédien talentueux qu’est Tye Shéridan de donner ici toute sa mesure d’acteur.
Francis Dubois
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