Pamela, jeune Rom vive, spontanée, parfois insolente, vit très pauvrement avec son aïeule et sa petite fille, dans un petit village de Roumanie. Se démarquant des autres filles de sa communauté, elle étouffe dans cet univers attaché aux traditions, trop étriqué pour elle, et rêve de liberté et d’ailleurs. Par l’intermédiaire d’un site de rencontres, elle rentre en contact avec Bruno, un quadragénaire qui mène en Belgique une vie rangée, un rond-de cuir célibataire avec qui, en toute innocence, Pamela caresse le projet d’un mariage.
Mais ces deux là n’ont aucun point commun et si, très vite, Bruno réalise qu’il fait fausse route et mesure la distance qui le sépare de Pamela, celle-ci s’accroche à son projet, à une vie commune qui lui permettrait de rompre avec la Roumanie et de faire venir auprès d’elle sa petite fille restée au village.
« Seule à mon mariage » s’inscrit dans la continuité des films documentaires que Marta Bergman a réalisés en Roumanie et dont certains personnages qu’elle avait rencontrés au cours de ces prospections l’avaient bouleversée.
A la fin de l’un d’eux « Clejani stories », qui a pour cadre une petite agglomération roumaine, une très jeune tsigane bouclait sa valise pour partir en Allemagne « faire boire les hommes dans les bars » . Quelque temps après, deux autres jeune femmes se sont présentées et l’ont embarquée à bord d’une voiture qui a disparu dans la nuit.
Ces images l’ont marquées et lui ont donné l’envie d’écrire l’histoire d’une jeune femme qui rêve de partir, de changer le cours tout tracé de son destin.
« Seule à mon mariage » est une fiction qui puise sa force de vérité dans le réel mais sans en faire pour autant un film misérabiliste et sordide .
L’histoire du film s’inscrit dans un contexte contemporain.
L’occident et ses mirages continuent à faire rêver. Si dans chaque village de la Roumanie profonde, un téléviseur rend compte des difficultés que peuvent rencontrer les postulants à l’émigration, l’attrait de la vie en France, en Belgique ou en Allemagne reste intact.
Le film relate cet aveuglement quand Pamela, niant ces difficultés, s’accroche au projet d’épouser l’homme avec qui elle est rentrée en contact par internet, de vivre en Belgique et dans un second temps, de faire venir sa petite fille.
Le scénario que Marta Bergman a imaginé est, dans ses grandes lignes, réaliste.
La jeune femme qui nie avec détermination tout ce qui pourrait compromettre son projet et qui fait l’impasse sur l’évidente incompatibilité des deux personnalités, la perspective d’une existence terne auprès d’un homme qui, en de nombreux domaines, est son contraire et dont la nature n’offre aucune chance de complémentarité avec elle compose, malgré tout , un personnage pathétique mais magnifique.
« Seule à mon mariage » est le récit désespéré d’une jeune femme résolument optimiste, le portrait touchant et pathétique d’une « salamandre » vaincue….
Francis Dubois
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