Théâtre : Et ma cendre sera plus chaude que leur vie

Marina Tsvetaeva, qui connut un destin tragique, est une des plus grandes poétesses russes de la première moitié du XXème siècle. Son destin suit l’histoire russe. Son mari épouse d’abord la cause des Russes blancs. Restée en Russie, elle connaît la famine et est contrainte de confier ses deux filles à l’orphelinat. L’une d’elles y meurt de faim, ce qui crée chez elle un sentiment profond de culpabilité car elle avait gardé auprès d’elle son autre fille, qu’elle préférait. Elle rejoint ensuite son mari en exil à Prague d’abord, à Paris ensuite. Profondément attachée à son mari elle a cependant une vie sentimentale très libre et noue de nombreuses amitiés entre autres avec Maïakovski, Rainer Maria Rilke et surtout Boris Pasternak. « Décidée, conquérante, indomptable » selon ce dernier, elle est trop libre dans ses relations et ses idées pour être acceptée par les milieux de l’émigration russe. Elle retournera avec son mari, sa fille et son fils à Moscou à la veille de la guerre, mais là encore elle ne correspond pas à ce que le régime soviétique attend. Elle dit « célébrer l’usine et le kolkhoze, c’est comme célébrer l’amour heureux et ça je ne peux pas ». Son mari sera fusillé en 1941, sa fille internée en camp. Évacuée en Tatarie avec son fils après l’invasion allemande, dépourvue de ressources, l’Union des Écrivains ne la reconnaissant pas, elle se suicide en 1941.

Outre ses nombreux poèmes, elle a laissé des lettres, des cahiers de brouillon et des carnets. C’est de ces carnets que Marie Montegani a tiré ce spectacle.

Théâtre : Et ma cendre sera plus chaude que leur vie
Théâtre : Et ma cendre sera plus chaude que leur vie

En fond de scène des images floues, en noir et blanc un peu sale, évoquent la Russie en mutation avec quelques extraits d’ Octobre d’Eisenstein alternant avec des coulées bleues, rouges palpitantes, incandescentes qui cèdent le pas au gris et au noir ( Jamais la mer se retire de Ange Leccia). De la musique vient se mêler parfois à la voix de la comédienne, en soulignant la douleur contenue et le lyrisme du texte qu’elle porte.

Clara Ponsot, col roulé noir et longue jupe sombre, est assise quasi-immobile. Seuls son visage et ses mains sortent de l’ombre. Beau visage intense au regard profond, elle porte la voix de celle qui disait « Je ne sais pas vivre ici-bas… Je ne vis pas pour écrire des vers, j’écris des vers pour vivre». Elle dit sa passion, son désespoir et quand à la fin le fond de la scène devient rouge, qu’elle proclame avec force « même dans le dernier sursaut je mourrai poète » et qu’elle récite un poème en russe, sa voix résonne tragiquement.

Micheline Rousselet

Du mardi au samedi à 21h

Théâtre du Lucernaire

53 rue Notre Dame des Champs, 75006 PARIS

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 45 44 57 34

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