Coincé dans l’Eurostar, Benoît a raté l’enterrement de sa mère. C’est donc les obsèques passées et en piteux état que ce jeune homme lunaire rejoint la maison familiale où il retrouve son frère et ses deux sœurs. C’est là, au milieu des vestiges de son enfance et dans l’intimité de sa chambre restée dans l’état de désordre où il l’avait laissée, que vont remonter dans sa mémoire des images mais également ce qu’il est le seul à savoir et qu’il n’aurait pas dû savoir.
« Moi, maman, ma mère et moi » est une comédie nostalgique reposant essentiellement sur le personnage de Benoît, les autres personnages n’existant que par rapport à lui, sa personnalité de garçon marginal, pas toujours en prise avec la réalité.
Le problème de « Moi, maman, ma mère et moi » c’est que ce personnage est dissonant par rapport à la tonalité que le réalisateur semblait avoir voulu donner à son film.
Si Olivia Côte, Philippe Rebbot et Lolita Chammah (d’un peu plus loin) parviennent à associer leur jeu de comédiens parfois débordant à une composition en demi-teinte ou tout au moins sans perdre de vue la tonalité du film qu’ils défendent, Grégory Montel charge son personnage et donne trop souvent dans un surjeu qui risque par là, de trahir la coloration retenue du récit.
C’est d’autant plus dommage que c’est lui qui aurait sans doute dû endosser la responsabilité d’une œuvre plus nostalgique que burlesque, basée sur les réminiscences de l’enfance, la nostalgie du temps passé d’un être rêveur et décalé.
Il y a peut-être là un malentendu qui coûte cher à Christophe le Masne et réduit le film qu’il nous propose à un petite film aimable qui se regarde sans déplaisir mais où toute la charge de profondeur est absente.
Le cadre est agréable et la maison de famille où se retrouvent ces frères et sœurs ne manque pas de charme mais l’efficacité des gags qui émaillent le récit ne font pas toujours mouche (il faut grimper aux arbres pour avoir du réseau sur son portable et bien sûr à un moment ou à un autre, on en dégringole). Ils sont parfois heureux et touchants quand on découvre la cachette que la mère avait trouvée pour épargner autrefois les tablettes de chocolat dont elle et son fils étaient également friands.
« Moi, maman, ma mère et moi » ne révolutionnera pas la comédie à la française, charmante, inégale et défendue par des acteurs bons petits soldats prêts à ressortir des arguments de jeu qui ont fait leurs preuves en d’autres occasions, rarement éloignés des performances qui leur ont assuré la reconnaissance et la sympathie du public.
A noter la présence au générique de Dominique Valadié grande comédienne de la scène et qui excelle en fantôme ici ou récemment en grand mère vigilante et réparatrice dans l’excellent « Nos batailles ». de Guillaume Senez.
Francis Dubois
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