Laura Wilson est licenciée. Privée de revenu, habitant une grande ville, elle flotte dans ce monde du chacun pour soi, glisse peu à peu dans la pauvreté, perd la garde de son petit garçon, vit dans un studio, accepte des petits boulots où les salaires sont aussi bas que les conditions de travail sont mauvaises. Elle pourrait sombrer, mais un jour au Musée elle est fascinée par un tableau de Brueghel, La chute des anges rebelles . Le gardien du Musée s’inquiète et lui demande si elle projette un attentat ! C’est pourtant ce tableau qui va déclencher son combat contre le monde dur et cynique qui l’environne.

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Le dramaturge belge Jean-Marie Piemme nous livre ici le portrait d’une femme du peuple, petite sœur de la Rosetta des frères Dardenne, une petite sœur qui s’élance et retombe, puis s’élance à nouveau bien décidée à se battre contre ce monde injuste et violent qui broie les plus faibles. Elle n’est le porte-parole d’aucun parti. Elle se bat pour retrouver un domicile, récupérer la garde de son fils, retrouver un emploi. Mais elle se bat aussi pour la dignité de ceux que le capitalisme mondialisé condamne à des emplois précaires et mal payés, s’élève contre l’imposture de ceux qui nous vendent la fable de la mondialisation heureuse et contre l’avidité des nantis. Elle rêve d’un monde plus solidaire, plus juste et plus généreux. En ce temps de manifestations des gilets jaunes, on ne peut s’empêcher de penser à certain(e)s d’entre eux !

Loin du misérabilisme, la mise en scène de Jean Boillot accompagne, en courtes scènes au rythme endiablé, l’énergie et la colère de Laura. La mise en scène mêle au texte un univers visuel et sonore qui donne vie à l’imaginaire de Laura – une jeune femme d’aujourd’hui qui vit dans un monde imprégné d’images, télévision, cinéma, affiches publicitaires – comme à sa colère. Hervé Rigaud a composé et joue sur scène une partition musicale, où la guitare se mêle au clavier et aux effets numériques, pour donner rythme et énergie. Il est même la voix d’une affiche publicitaire ! Philippe Lardaud et Régis Laroche interprètent ou évoquent tous ceux, hommes et femmes qui accompagnent la vie de Laura, de ce patron qui la licencie et qu’elle rêve de tuer comme on tue dans les films qu’elle a vus, à son fils jeune adolescent, en passant par son mari, son ami homosexuel, un nouvel amoureux ou sa belle-mère, d’autres encore. Il leur suffit de presque rien, d’un petit changement dans la voix et on les suit de personnage en personnage. Il y surtout Isabelle Ronayette formidable Laura Wilson. Elle saute, elle chante, elle danse, véritable boule d’énergie, parfois au bord de l’explosion, toujours habitée par la rage de vivre et de rester ce qu’elle est.

Un spectacle drôle et énergique qui, sans lourdeur et en laissant une place à la poésie, nous convie à suivre cette Laura Wilson dans sa révolte contre la cruauté et les injustices de notre monde. La conclusion est laissée à la musique Le chant des partisans se mêlant à We can be heroes. Tout un programme !

Micheline Rousselet

Mercredi et jeudi à 19h30, vendredi à 20h30

Théâtre de La Commune

2 rue Edouard Poisson, 93300 Aubervilliers

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 48 33 16 16

En tournée : 22 janvier au Préau, CDN de Vire, 26 janvier à l’Espace culturel André Malraux du Kremlin-Bicêtre, le 29 janvier aux Transversales à Verdun, du 6 au 8 février au CDN de Colmar. D’autres dates à trouver un peu partout en France sur le site nest-theatre.fr


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