Dieu avait créé le ciel, la terre, les plantes, les animaux, les hommes. Il avait fini et il ne savait plus quoi faire. Il commença à s’ennuyer ferme et sombra dans la mélancolie. Il lui fallait d’urgence des projets et de l’activité. Comme tout un chacun il envoya un curriculum vitae et une lettre de motivation pour trouver un emploi. Son C.V était impressionnant et il eut tout de suite un rendez-vous.
Ainsi commence Le C.V de Dieu . Quand le rideau de scène, transformé en une toile Renaissance représentant Dieu, se lève, Dieu, Jean-François Balmer en habit de soie et étole mauve bordée d’argent, est là. Son imposant CV est rangé dans des boîtes gainées de soie posées, car l’œuvre est d’importance, sur un diable ! Face à lui, un directeur des Ressources Humaines un peu machiavélique et retors, Didier Bénureau, va lui faire passer une semaine d’entretiens. Premier problème comment doit-il appeler son interlocuteur, Dieu, Monsieur Dieu ? Dieu lui dit de l’appeler tout simplement « Mon Dieu » ! Le DRH, peintre amateur porte des jugements sur les créations divines, les couchers de soleil parfois bien kitsch, et n’hésite pas à bousculer Dieu sur l’opportunité d’avoir crée des typhons, ouragans et autres catastrophes, sans oublier « les cons ». Dieu passe de la fausse modestie à la mauvaise foi et se plaint de son fils qui ne sait plus quoi inventer pour se faire remarquer.
La mise en scène de Françoise Petit, par quelques œuvres artistiques très célestes et un peu de musique tout aussi céleste ajoute sa note d’humour au texte qui n’en manque pas ! En effet le texte désopilant de Jean-Louis Fournier ne recule devant rien, enchaînant à un rythme soutenu les jeux de mots et les propositions cocasses, servis par deux très bons comédiens. Didier Bénureau n’hésite pas à attaquer Dieu et à lui parler de sa baisse dans les sondages. Au fur et à mesure qu’il devient plus incisif dans ses remarques, Dieu devient plus perplexe. Jean-François Balmer glisse de la fierté du travail accompli au doute. Il faut le voir se plaindre de l’ingratitude des hommes qui le laissent « seul là-haut » et de son fils dont le téléphone est toujours occupé « parce qu’il passe des heures à parler avec ses apôtres ».
Même si le propos finit par tourner un peu en rond, les deux comédiens semblent beaucoup s’amuser à ce ping-pong verbal et les spectateurs leur emboîtent le pas avec un très grand plaisir.
Micheline Rousselet
Du mardi au samedi à 19h et le dimanche à 16h
La Pépinière Théâtre
7 rue Louis-Le-Grand, 75002 Paris
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 42 61 44 16
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