Elevé par une grand mère fine cuisinière marocaine, Elias est très tôt initié par elle aux secrets culinaires de la cuisine traditionnelle du pays et passionné par cet art et ses secrets.
S’il connaît sur le bout des doigts la confection du tajine et des différentes sortes de couscous, il ne se plaît pas moins à se délecter des noms de recettes « exotiques » même s’il ignore ce qu’est un homard ou des coquilles saint Jacques.
Devenu jeune homme il cuisine pour son oncle qui possède une épicerie-restaurant mais il regrette que celui-ci ne l’autorise pas à innover et à élargir la liste des plats proposés dans son établissement sans prétention.
Bientôt lassé d’une existence trop lancinante et apprenant le départ pour la France de la jeune fille dont il était tombé amoureux, il décide de partir à son tour.
Mais sa situation de clandestin, la difficulté à trouver du travail et à subsister, l’abandon de ses rêves seront autant d’obstacles à ses projets profonds.
Une histoire d’héritage culinaire nous a été offert tout récemment avec « La saveur de s r amen ».
Voilà que cette fois-ci, c’est le cinéma marocain qui traite d’un sujet approchant avec « Tazzeka » où ce qui anime Elias, le personnage central, c’est un goût marqué pour la cuisine dont il a été saisi dès son très jeune âge.
L’un et l’autre des deux films sont empreints de la même référence au conte même si Jean-Philippe Gaud avec « Tazzeka » aborde au cours de son récit des domaines plus sociaux : le départ du pays, les conditions de vie difficiles auxquelles s’expose quiconque s’apprête à vivre sans papiers, la difficulté au quotidien à trouver un travail qui puisse permettre de subsister.
Dans les deux films, le personnage central montre la même passion pour la cuisine.
On pourra reprocher à «Tazzeka» de céder parfois à des opportunités d’écriture, de ratisser trop large dans le choix des sujets abordés et d’hésiter de ce fait entre le film social (la difficulté à s’épanouir dans le Maroc rural pris sous le joug des traditions et de la force de la famille, les conditions de la vie clandestine en France) et le conte de fée (la réussite fulgurante et peu annoncée d’Elias dans un grand restaurant parisien).
Mais le film de Jean-Philippe Gaud emporte l’adhésion grâce notamment au personnage d’Elias interprété avec beaucoup de sensibilité par Madi Belem.
Son jeu tout en nuances favorise l’empathie et entraîne dans son sillage de nombreux autres personnages annexes. Ainsi le fidèle compagnon de galère (sympathique Adama Diop) où l’oncle (le toujours savoureux Abbes Zahmani).
« Tazzeka » est un film infiniment sympathique qui finit par trouver sa tonalité en dépit de la disparité de ses sujets abordés et des atmosphères contrastés.
Francis Dubois
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