Pauline est une jeune paysanne qui, avec son mari, privilégie des méthodes d’élevage et de culture à contre-courant des tendances actuelles qu’ils jugent ravageuses.
L’installation d’une éolienne sur la propriété, si elle emporte la totale adhésion du jeune couple va, avec l’arrivée de Samuel qui en dirige l’installation, bouleverser la vie de Pauline, la solide terrienne.
L’attirance qu’elle éprouve pour le jeune ingénieur va déstabiliser son couple et jeter les troubles dans ses certitudes.
«La vent tourne» raconte une histoire. C’est un film dont la mise en scène respecte à la lettre le déroulement d’un scénario de facture classique.
«Le vent tourne» renvoie à ce cinéma des années 50, soigné et efficace, qui ne cherchait pas « midi à quatorze heures » et offrait au public un divertissement dont les ressorts dramatiques apportaient au récit ce qu’il faut de réalisme et d’émotion.
Ici, dans les montagnes suisses, un couple de jeunes paysans respectueux des méthodes anciennes pratique encore la traite des vaches à la main et cultive la terre de façon artisanale et lorsqu’une bête
présentera les symptômes d’une maladie qui risque de s’étendre au troupeau, plutôt que de faire appel au vétérinaire, aura recours à un bouillon naturel assorti d’un isolement provisoire de la bête malade.
Le grain de sable dans la quiétude du couple de paysans ne viendra dans un premier temps ni de leurs habitudes à contre-courant des méthodes nouvelles ni de leur recours à l’installation d’une éolienne mais de l’arrivée dans leur vie de l’ingénieur chargé de mettre en place l’engin monumental.
Ce qui va se passer au premier regard entre la paysanne et l’étranger sonnera le glas d’une existence jusque là harmonieuse.
Mais comme un malheur n’arrive jamais seul, il faudra compter avec une maladie ravageuse qui menace le cheptel.
La mise en scène fluide de Bettina Oberli fait mieux que de s’accommoder des clichés qui émaillent le récit. Elle va s’en nourrir et, bénéficiant d’une interprétation en parfaite osmose avec ce parti pris narratif, faire fi des événements attendus et les tourner à son avantage.
La question ne se pose pas de savoir si Mélanie Thierry est une jeune paysanne crédible, si ses gestes autour de la nature et des bêtes sonnent juste.
Elle est avant tout une jeune femme en plein désarroi que les différents événements auxquels elle est confrontée, effondrement de son couple et menace autour de ce qui constituait le socle de son existence, vont amener à s’interroger sur la suite à donner à sa vie.
Pierre Deladonchamps est, avant d’être un jeune paysan plausible, un homme qu’une menace ronge mais que la foi en ses convictions garde debout.
Nono Lopez a la stature et la placidité de la rencontre providentielle.
Les vastes espaces, l’isolement de la ferme, sont le cadre idéal pour traiter une histoire exemplaire dont la montée dramatique est construite de sorte à ménager ce qu’il faut de suspens et offrir avec des très belles scènes des moments de profonde émotion.
Francis Dubois
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
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