Miranda, un travesti prostitué français, vit au jour le jour dans un faubourg de Phnom Penh une existence d’excès et d’espoir dans ce pays profondément marqué par le passé Khmer Rouge.
Sa rencontre, par hasard, avec Panna, une fillette livrée à elle-même et vouée à une prostitution certaine va le sortir d’un comportement résigné et l’amener à donner un nouveau sens à vie.
Au cours d’un voyage de repérages au Cambodge où il était allé accompagné de son comédien et de son chef opérateur, Nathan Nicholovitch découvre dans Phnom Penh, le quartier River Side et ses carrefours voués à la prostitution.
Il entre en contact avec des prostituées autour de qui gravitent une population de Blancs allant de l’homme d’affaires, du dilettante ou du baroudeur qui viennent, dans la plupart des cas s’abîmer dans l’alcool et les amphétamines.
Le réalisateur improvise le tournage d’un court métrage mettant en scène Ben, un quadragénaire français échoué au Sud Cambodge enclin au travestissement.
C’est de cette ébauche que va naître le personnage de Miranda d’« Avant l’aurore».,
Suit une longue période de recherches documentaires sur les soixante dernières années de l’histoire du Cambodge, de la décolonisation au génocide, des guerres civiles aux accords de paix de 1991, jusqu’au jugement des hautes responsables Khmers rouges.
Ce temps de recherches documentaires au Cambodge correspond en France aux événements autour de mariage pour tous. La violence des manifestations hostiles à la loi déclenchent en réaction chez Nathan Nicholovitch le désir de dresser le portrait d’un homme travesti et de sa rencontre avec un enfant.
Le film impose le personnage ambigu de Miranda sans jamais rien dévoiler de son passé ni les raisons qui l’ont amené à échouer dans un des quartiers glauques de Phnom Penh et à se prostituer…
La première partie d’« Avant l’aurore» s’attache à la la description du quartier et de sa faune. Miranda y apparaît dans les premiers moments comme une silhouette parmi d’autres, comme un personnage au milieu de tous ceux qui hantent des lieux de perdition et qui risquent de s’y laisser
engloutir.
Le premier tiers d’« Avant l’aurore» nous a fait craindre que le film ne s’en tienne qu’à un état des lieux pathétique mais plutôt complaisant d’un quartier perdu qui menace ceux qui s’y sont égarés ou qui ont fait le choix de s’y étourdir. Mais tout à coup, le personnage de Miranda se détache…Et l’on découvre derrière cette silhouette singulière jusque là abandonnée à la déchéance, un être charismatique.
Débarrassé de sa perruque et même s’il reste vêtu de ses vêtements féminins, l’homme apparaît dans une sorte de résurrection, une authenticité chargée d’humanité.
La rencontre avec les enfants livrés à eux mêmes lui ont fait prendre conscience d’une mission. Et c’est sortant des enfants des griffes de l’enfer, en les sauvant de la prostitution, qu’il va donner ce sens à la vie qu’il n’espérait plus et découvrir au fond de lui toute la générosité et le courage qu’il avait en réserve.
Et dès lors, c’est un tout autre homme qui apparaît à l’image, fort de sa nouvelle dignité et bravant tous les obstacles.
Magnifique portrait que celui de Miranda qui, au fur et mesure qu’il se révèle, transmet au film un souffle, une respiration, une lumière qui en font une œuvre forte
Francis Dubois
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