Alors qu’une pluie ininterrompue s’abat sur une petite ville du sud de la chine, Ziao Zhang, qui veut offrir les service d’un chirurgien renommé à son amie défigurée au cours d’une première opération de chirurgie esthétique ratée, dérobe à son patron dont il est le chauffeur, un sac rempli de billets de banque.

La nouvelle de ce vol qui n’est que l’acte désespéré d’un pauvre homme va se répandre comme une volée de poudre et occasionner des réactions diverses parmi des membres de la mafia ou pas et chacun, selon ses moyens, va se lancer à la poursuite de Ziao Zhang et du sac qui ne va cesser de passer de main en main.

Cinéma : Have a nice day
Cinéma : Have a nice day

Contrairement à son premier film « Piercing 1» dont l’histoire était ancrée dans le réalisme et qui se faisait le relais du monde et de la société dans lesquels nous vivons, «Have a nice day» a plus à voir avec le domaine du rêve, de la réalité fantasmée ou du surréalisme.

Avec son nouveau film, Liu Jian, toujours à la recherche de nouvelles structures narratives, ne cesse d’inclure dans le développement de son récit des ruptures de ton, des digressions, des instants de pause ou l’usage de plans externes à l’histoire.

Le style graphique de Liu Jian, qu’il s’agisse de la façon de dessiner les personnages ou de créer paysages urbains et intérieurs, revendique pureté de lignes et simplicité.

Dans «Have a nice day» il exploite les actions et les mouvements les plus mineurs de ses personnages pour évoquer leurs émotions. Et ces faibles mouvements, souvent à peine perceptibles, combinés avec les paysages et les intérieurs vivants, frappants, constituent la poésie et la philosophie esthétique du film qui peut être vu comme un paysage minutieusement descriptif de la Chine contemporaine.

Le film raconte une histoire urbaine qui se place aux frontières d’une ville du sud de la Chine et ce qui peut apparaître comme du surréalisme, n’est souvent que le rendu de la réalité et c’est le dosage narratif entre réalisme et symbolisme qui fait apparaître le côté fantastique et absurde de cette histoire.

«Have a nice day» peut être vu comme un film de genre et poser ainsi la question : qu’est-ce les techniques d’animation peuvent ajouter ou ôter aux histoires des films d’action en prises de vue réelles ?

Le film de Liu Jian est sans doute la bonne occasion de s’interroger sur la question.

Si aucun des personnages ne peut être considéré comme le principal protagoniste, pas plus que le sac de billets n’apparaît comme le motif central du récit, d’autres sujets ont le temps de prendre place comme la façon dont est perçu ce petit village des faubourgs qu’une rapide urbanisation et industrialisation ont transformé et la façon dont la transformation, et le dynamisme qu’il engendre, opèrent sur la vie des habitants.

Il témoigne ainsi des changements rapides que connaît une certaine partie de la Chine.

C’est dans cette Chine en mutation que Liu Jian lance les destins croisés de ses personnages qui se broient entre la mâchoire du système et celle du libéralisme.

Et si son film obéit aux codes du film de genre et si les situations se suivent avec un intérêt constant, une précision diabolique et un humour imparable, il semble qu’il ait surtout focalisé son travail du côté de la mise en scène dont il se dégage une énergie, un rythme qui parfois déconcertent avant de se révéler infiniment tonique.

Francis Dubois


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