Un homme foncièrement bon, doté de bon sens et d’un goût aigu de la franchise, passe aux yeux de la société pour un esprit simple. Cet homme est le prince Mychkine aujourd’hui ruiné qui, après avoir fait un séjour de plusieurs années dans un établissement médical où il a été suivi pour épilepsie et une « forme d’idiotie », retourne dans son pays pour y renouer avec la bonne société russe dont il est issu.

Son passé dans une maison de soins renforce le regard tour à tour indulgent ou sarcastique que son entourage porte sur lui. Et chacun de le considérer comme un être à part dont cependant la pertinence des réparties finissent par surprendre et déstabiliser.

Offrant une nouvelle manière de voir le monde et les rapports entre les personnes, celui qu’on nomme l’idiot finira par déclencher chez ceux qui sont amenés à le côtoyer de nouvelles interrogations et révélera les caractères passionnels d’une société décadente…

theâtre : l'idiot
theâtre : l’idiot

Après le succès de « Portrait de Dorian Gray» et ses cinq cents représentations, Thomas le Douarec et une partie de son équipe de comédiens proposent une adaptation vibrante, à la fois colorée et toute en nuances, de l’œuvre maîtresse de la littérature russe.

En s’écartant autant qu’il en respecte l’essence, Thomas Le Douarec a écrit une très belle adaptation du roman dans laquelle, utilisant les variations de l’œuvre, il alterne les moments de comédie qui peuvent aller jusqu’à la farce et les moments douloureux ou cruels, faisant comme en un tour de main, basculer le spectacle de l’une à l’autre des atmosphères avec le même soin, la même rigueur, la même exigence.

D’aucuns pourront reprocher à la mise en scène de Thomas Le Douarec de pencher parfois du côté du théâtre de boulevard. L’ interprétation de Caroline Devimes dans le rôle de Natassia Philoppovna ou celle de Marie Lenoir dans celui de la Générale Epantchine sont livrées dans une certaine gouaille populaire qui n’est certes pas dans la tonalité de l’œuvre de DostoIevski.

Ces personnages revisités et hauts en couleur auxquels on peut ajouter celui du Général Epantchine ou du Général Ivolgine, en créant une rupture de ton, apportent une saveur immédiate à la représentation avant de plonger le récit dans des questionnements quand, à la charge boulevardière maîtrisée, succèdent la gravité, l’émotion et la dimension pathétique des situations et des personnages.

L’audace de l’adaptation de Thomas Le Douarec serait peine perdue et égarement stérile si elle n’était assortie de la force de l’interprétation dont fait preuve chacun des comédiens engagés dans des compositions contrastées.

Arnaud Denis campe un Prince Mychkine tellement magnifique tout en puissance retenue et modestie qu’on imagine mal que d’autres avant lui et d’autres après lui auront pu et pourront se mesurer à la façon dont lui s’acquitte de sa partition.

Sa silhouette longiligne, la justesse et la précision de la gestuelle sont fascinantes.

Mais c’est toute une distribution qu’il s’agit de saluer jouant au plus près de cette adaptation d’un bout à l’autre, réjouissante.

Francis Dubois

Théâtre 14. 20 avenue Marc Sangnier 75 014 Paris.

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative): O1 45 4549 77


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