Malena, jeune médecin professant à Buenos-Aires, s’apprête à devenir mère au terme d’une longue et éprouvante démarche d’adoption. Pleine d’espoir et riche de cette perspective à laquelle s’est joint son époux, elle parcourt cependant seule les huit cents kilomètres qui la séparent de la mère biologique, à l’approche de la naissance.
Mais au moment de récupérer le bébé, la famille de l’enfant, par l’intermédiaire d’autres intervenants, impose de nouvelles conditions. Un revirement qui pourrait bien avoir été initié par une organisation mafieuse locale.
Maléna se plie aux exigences financières de ses nouveaux interlocuteurs, mais cela suffira-t-il à mettre fin aux rebondissements qui ne cessent de survenir, remettant à chaque fois à plus tard l’adoption du bébé.
Dans une société divisée par les inégalités, le sort d’un nouveau né devient un enjeu et son avenir va donner lieu à un véritable dilemme. Les circonstances de l’adoption qui semblent simples au début, se compliquent dès le moment où l’appât du gain, le mensonge et les tractations en sous main s’en mêlent.
Tant que la mère adoptive et la mère biologique agissent en relative harmonie, le film de Diago Lerman adopte un tracé linéaire même si la différence sociale entre les deux parties installe un léger malaise dès le tout début du récit.
Mais dès que des tierces personnes annoncent de nouvelles conditions à l’adoption et se mettent à réclamer une forte somme d’argent, tout ce qu’on pouvait attendre d’évidence dans le déroulement du récit, en devenant une tractation mercantile, se trouble avec des doutes et l’impression de plus en plus nette chez Malena et son mari qui l’a rejointe, d’une machination à laquelle la mère biologique est étrangère.
Le désir inébranlable de Malena d’adopter l’enfant (C’est de son point de vue que le film fonctionne), l’amène malgré tout à franchir toutes les nouvelles difficultés qui font obstacle.
Jusqu’au moment où les complications qui surgissent et les erreurs qu’elle multiplie la débordent.
Le film prend dès lors la tournure d’un thriller en installant un véritable suspense et en faisant agir dans l’ombre des personnes qui tirent à la fois profit de la misère de la famille du bébé et de l’aisance économique de la partie adoptive.
Et c’est peut-être en insistant sur le côté thriller au fur et à mesure que Malena se fragilise que le récit de « Notre enfant» se prive de la voie qui lui était ouverte avec le sujet de départ :la présence des deux mères pour un enfant, un récit émotionnel, cette sorte de tragédie grecque moderne qui s’insinue.
Se trouvent alors gommés un certains nombre de sujets d’arrière plan, la difficulté à communiquer, même si on parle la même langue, de deux classes sociales fondamentalement différentes, les carences de la loi, le fait que le profit à tout prix, les manipulations douteuses qui impliquent la mafia, peuvent concerner tous les domaines officiels, même ceux qui devraient y être à l’abri, comme la justice, le milieu hospitalier.
Diego Lerman a tourné avec des comédiens professionnels pour les quatre rôles principaux mais pour le reste de la distribution, il a choisi des personnes recrutées sur place.
La plus belle réussite concerne la comédienne non professionnelle Yanina Avila qui interprète Marcella, la mère biologique du bébé.
Non seulement elle développe une vraie force dramatique qu’elle met à la disposition de son personnage mais elle est en parfaire osmose et à égalité avec le personnage de Malena.
Francis Dubois
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