Plusieurs années après la mort de son mari et des périodes de dépression qui paraissent être maintenant de l’histoire ancienne, Irène voudrait bien reprendre avec elle son fils d’une dizaine d’années que jusque là, sa grand mère paternelle a élevé à La Rochelle.
Au cours de vacances qui marquent les retrouvailles de la mère et l’enfant, la route d’Irène croise celle de Yann, mécanicien à bord de cargos, en transit à la Rochelle pour quelques jours.
Il se passe entre les deux jeunes gens, au premier regard, un mouvement d’attirance mutuelle mais après un deuil et les difficultés qui s’en sont suivies, le moment où elle retrouve son fils est-il propice à entamer une relation même éphémère avec un garçon qui parcourt les mers dans le but de fuir on ne sait quel passé et qui vit dans la terreur de l’attachement ?
Nicolas Giraud et Philippe Megescaze auteur de «L’impureté d’Irène » sont tous deux originaires de la Charente maritime.
Philippe Megescaze a grandi chez sa grand mère à La Rochelle et Nicolas Giraud y a fait ses études.
A Paris où ils se rencontrent, ces deux charentais deviennent des amis et se rapprochent professionnellement.
«L’impureté d’Irène» dont « Du soleil dans mes yeux » est l’adaptation, a été publié en 1987.
Nicolas Giraud s’est complètement réapproprié l’histoire autobiographique de Philippe Megescaze comme si elle avait été la sienne dans une vie antérieure. Et son film est la traduction visuelle, sensuelle et émotionnelle du livre plutôt que son adaptation.
«Du soleil dans mes yeux» raconte l’histoire de gens isolés dans leur histoire solitaire.
Celle d’un homme en fuite de lui-même, d’une jeune femme qui a fui pendant des années ses engagements maternels et celle d’une vieille dame qui a fui tout le reste pour consacrer sa vie à son petit fils dont on va bientôt la priver.
C’est l’histoire d’une rencontre de deux êtres qui vont, à la lumière de leur sentiments, sortir de leur repli et se voir subitement rendus au monde avec tout ce bouleversement à l’intérieur d’eux-mêmes, va occasionner de vertige et de peur. C’est aussi l’histoire d’individus longtemps retranchés, que la solitude n’est pas parvenue à éteindre complètement.
«Du soleil dans mes yeux» est un film lumineux, un film solaire où les cataclysmes qui se produisent sont personnels. C’est un film pudique, délicat qui porte toute la douceur et la cruauté de la vie que Nicolas Giraud a construit en véritable orfèvre, où chaque plan, les cadrages qu’il préfère rapprochés que larges, une construction virtuose, la présence de comédiens parfaits chacun dans sa partition, le travail sur la bande son, sur la musique, apportent au récit une élégance, une fluidité, le sentiment d’une noblesse «modeste».
Nicolas Giraud a eu raison de se distribuer le rôle de Yann. Il a cette force de jeu toute en subtilité et retenue, cette présence à la fois puissante et fragile qui conviennent parfaitement au personnage.
Clara Ponsot interprète le personnage d’Irène sans jamais lever le voile derrière lequel elle s’est réfugiée et Hélène Vincent en grand mère digne a cette grâce du plus petit geste et du regard furtif qui ajoute, l’espace de quelques scène fortes, de l’authenticité au film
Un film qui ne déplacera pas les foules, qui est trop délicat pour ça, et c’est bien dommage car ne pas voir « Du soleil dans mes yeux » c’est se priver d’un très beau moment de cinéma.
Francis Dubois
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