Carmen est mariée depuis vingt ans à Carlos, un homme macho, fan de foot, et qui ne lui prête plus guère attention. Après une séance d’hypnose pour laquelle il s’est porté volontaire à l’occasion du mariage d’un parent, Carlos s’est retrouvé complètement métamorphosé du jour au lendemain. Il devient soudain un parfait époux, amoureux, attentif, précautionneux.
Carmen est une femme au foyer soumise, dont le mari, par jalousie, n’a jamais voulu qu’elle travaille en dehors de la maison. Carmen était devenue invisible aux yeux de son époux et elle qui aimait tant danser n’en a jamais plus eu l’occasion. Elle végète au sud le Madrid, dans un gratte-ciel aux mille fenêtres.
Avant d’être un espagnol, Carlos est supporter du Real de Madrid. Il travaille dans le bâtiment comme grutier. Il éprouve pour Pepe, le cousin de Carmen, une haine viscérale. A cinquante ans, Pepe vit toujours chez ses parents. De tout temps, il a été amoureux de Carmen. Il est agent de sécurité dans une grande surface et porter un uniforme lui donne l’impression d’être quelqu’un d’important. A cinq ans, il était déjà intéressé par le mentalisme et avait été impressionné quand il avait vu un soir à la télévision, un illusionniste plier une cuillère par sa seule volonté.
« Abracadabra » débute sur les chapeaux de roue comme une franche comédie bon enfant qui assume l’aspect un peu facile des situations. Mais ça fonctionne bien et on attend la suite. Mais après ce début excentrique, le récit s’essouffle et les effets deviennent, à mesure qu’on avance dans le vif du sujet, de plus en plus laborieux. Le film change de ton et dès lors semble chercher sa voie.
« Blancanieves », le film précédent de Pablo Berger était en noir et blanc ; « Abracadabra» est au contraire saturé de couleurs vives. « Blancanieves » était muet ; « Abracadabra » est très bavard ; «Blancanieves» était un mélodrame gothique : « Abracadabra » est une comédie noire.
Le sentiment de légère confusion qui flotte sur le récit de « Abracadabra » laisse penser que le film n’a pas atteint son objectif de comédie déjantée et que, pour compenser le manque, le réalisateur a noyé son récit dans des débordements musicaux et un montage en trompe-rythme.
L’impression globale est mitigée jusqu’au bout, même si les comédiens s’acquittent parfaitement de leur partition, si Maribel Verdù est aussi magistrale dans la comédie que dans le drame et la demi-teinte .Et si Antonio De La Torre est un Carlos multiple avec à chaque fois le même inventivité de jeu, le même bonheur.
Francis Dubois
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