Une nuit, dans une gare, un homme nommé Malgloire tente d’échapper mystérieusement à des poursuivants. Sans bagage et apparemment sans projet, le hasard lui fait découvrir un paquet contenant un grosse somme d’argent.

Dès lors, les ennuis commencent et la bande, sous l’autorité de Klutz, qui le poursuivait, le capture, en fait son otage avant d’en faire un complice. Ensemble, après un braquage raté, ils sont contraints d’embarquer à bord d’un cargo dont le tonnage serait volatile et mortifère comme tout prête à le penser. Lorsque le poison et la folie s’emparent de la bande, les hommes de Kurtz s’avèrent être eux-mêmes les jouets d’une machination conduite par le mystérieux 9 doigts….

Cinéma : 9 doigts
Cinéma : 9 doigts

Depuis le tout début, les films de F.J. Ossang tournent autour de l’eau. L’eau comme le miroir de tous les états de conscience qu’il y soit question de vaisseaux fantômes ou de l’énigme des océans.

Et pour « 9 doigts» qu’il a entrepris comme s’il s’agissait de sa dernière réalisation, compte tenu de la difficulté qu’il a, à chaque fois, à monter un projet, il a choisi de faire un film d’aventures maritimes.

Le noir et blanc convient parfaitement ; tant pour donner tout son rugueux froid à la ferraille d’un cargo qu’aux reflets métalliques d’une mer étale ou déchaînée.

Il convient parfaitement aussi aux «gueules» des gangsters de la bande de Kurtz, aux lunettes noires qui dissimulent les yeux, à leurs manières musclées, aux postures attendues des personnages féminins, aventurière, femme fatale ou jeune fille innocente….

Un noir et blanc qui va aussi avec l’évolution du récit lorsque les hommes de la bande et ceux qui s’y sont adjoints découvrent qu’ils sont prisonniers à bord d’un cargo fantôme qui n’est peut-être pas même chargé de la moindre cargaison.

Qui est en réalité Farente, personnage énigmatique, phraseur et fataliste et ce docteur chargé à bord dont on aurait même tendance à penser que ses diagnostics ne sont pas très fiables ?

L’ histoire de gangsters serait en réalité d’une grande simplicité en dépit de toutes les suppositions que le récit met en place, ou à l’inverse d’une grande complexité, noyée dans des dithyrambes qu’on peut écouter attentivement ou suivre comme les éléments d’ un jeu de pistes.

Le film de F.J.Ossang dont chaque séquence entretient les sentiments oppressants de l’énigme et du danger latent reste paradoxalement une œuvre ludique avec des personnages qui sont à la fois dans le stéréotype et dans l’imprévisible. Et la question ne cesse, tout au long du récit, de se poser à propos de la gravité ou de l’artifice des situations où sont plongés les protagonistes, dont les caractéristiques reposent plus sur leurs discours que sur leurs identités fuyantes.

Il y a cinq ans dans « Elle s’en va», Paul Hamy donnait la réplique à Catherine Deneuve et depuis, dans la dizaine de films qui ont suivi, tous œuvres exigeantes, il n’a cessé d’imposer sa présence charismatique et son élégance. Il est ici une fois de plus magnifique, comme le sont Pascal Greggory ou Gaspard Ulliel ici méconnaissable en médecin énigmatique.

Ce film magnifique est à prendre comme un film noir ou comme un exercice cinématographique virtuose.

Francis Dubois


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