En 1998, à Naltchik dans le Nord Caucase, Ilana, jeune fille de vingt quatre ans est mécanicienne dans le garage de son père. Le soir où la famille est réunie pour fêter les fiançailles de David, le jeune frère de Ilana, celui-ci et sa promise Léa sont kidnappés.

Il s’en suit une demande de rançon conséquente à laquelle la famille de David ne peut pas répondre.

Au sein de cette communauté juive retranchée dans une vie communautaire étriquée, prévenir la police n’est pas envisageable.

Mais comment faire pour répondre aux exigences des kidnappeurs et obtenir la libération des jeunes fiancés ?

Ilana, ses parents et quelques proches immédiats vont agir, chacun à sa façon et en ordre dispersé, au risque de prendre des décisions qui mettront en péril l’équilibre familial.

Cinéma : Tesnota
Cinéma : Tesnota

Bien qu’intéressé par la photo quand il était enfant, Kantemit Balakov ne rencontre le cinéma qu’au moment où il intègre l’école de cinéma qu’a ouverte Aléxandre Sokourov dans les murs de l’université de Naltchik.

Il découvre alors l’existence de la Nouvelle vague française, le cinéma du dégel soviétique et les films de guerre….

Après avoir tourné un court métrage de fin d’études en 2013, un documentaire sur un cas de schizophrénie précoce en 2014 et un court projeté au Short Film Corner à Cannes cette même année, il se lance dans l’écriture d’un scénario de long sur un phénomène assez courant dans les années 90, l’enlèvement de personnes assorti d’une demande de rançon.

L’histoire se situerait dans le cadre de la diaspora juive et interrogerait sur le comportement d’une famille dont un des membres a été victime d’un enlèvement.

L’autre question serait de savoir s’il est réellement humain d’obliger qui que ce soit à sacrifier la vie d’une famille pour sauver un proche en danger.

L’approche du cinéma, la façon de filmer de Kantemir Balgov sont très personnels et ce sont les cadrages de « Tesnota », le travail sur le son et sur les couleurs qui sont le plus remarquable et qui apportent toute sa singularité à la mise en scène dynamique et efficace.

Sans doute pour aller dans le sens de cette exiguïté où évolue la communauté juive du récit, le jeune réalisateur a privilégié les plans rapprochés montrant une image souvent parcellaire, quelquefois réduite à un détail, parfois tronquée.

Il a voulu une évolution des couleurs au fur et à mesure qu’on avance dans le film, une caméra saccadée comme si elle épousait l’histoire de cette famille en crise et cela, sans se soucier d’un quelconque esthétisme.

Ce réalisateur d’à peine vingt-cinq ans n’est pas seulement prometteur.

Il a réalisé avec son premier long métrage une œuvre personnelle totalement accomplie en traitant un sujet où il touche tant à l’intime d’un famille qu’à un sujet général et méconnu.

C’est cinématographiquement superbe.

Francis Dubois


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