Le Théâtre 71 de Malakoff présente un spectacle constitué de deux pièces.
L’une «Les soldats» destinée à la scène est l’œuvre de Jakob Lenz (1751-1792), compagnon de Goethe et qui fut un grand défenseur des libertés.
L’autre « Lenz» de Büchner, dresse un portrait resté inachevé de Jakob Lenz , personnage tourmenté qui, en 1778 entreprit une marche à travers la montagne pour fuir un monde qui ne laissait le choix qu’entre misère et folie.
Un texte qui a été écrit par Büchner à partir des notes médicales du pasteur Oberlin qui le recueillit et l’aida de son mieux.
Au bout des deux heures de représentation des «Soldats» on se retrouve un peu déconcerté, en tous cas partagé face au «grand écart» auquel nous a soumis la mise en scène d’Anne-Marie Liégeois dont les audaces souvent hasardeuses, produisent le meilleur et le moins bon.
Si, pour introduire le drame de Marie, jeune fille pure et naïve exposée à la horde de soldats obéissant à leur instincts destructeurs, le spectacle s’ouvre sur un moment de fanfare réussi et qui semble prometteur, il se poursuit de façon chaotique alternant des scènes particulièrement ratées et quelques fulgurances. (La scène du viol où le soldat fautif présenté masqué, porte une curieuse culotte tyrolienne et rythme les soubresauts de son plaisir bestial sur les accents musicaux et la voix d’une chanteuse est seulement grotesque).
Il faut arriver à la presque fin de la représentation pour trouver un vrai souffle au spectacle car comme la scène d’introduction, la scène finale trouve un rythme et séduit.
Si, du coup on s’interroge à propos de la deuxième partie du spectacle dont le premier quart d’heure est livré à la gestuelle approximative d’Olivier Dutilloy, on est complètement conquis dès l’entrée en scène d’Agnès Sourdillon qu’on vient à peine d’apercevoir en personnage sacrifié dans « Les soldats ».
Tout à coup avec elle, le plateau s’illumine et, en grande dame de la scène, cette comédienne qui apparaît trop rarement sur les plateaux de nos théâtres, donne aux errances de Lenz toute la charge poétique et la puissance de la folie. Ce que fait Agnès Sourdillon est magnifique et tout à coup, comme par magie sa présence et la façon dont elle porte le texte rejaillit sur toute la représentation, ragaillardit les mollesses et répare toutes les maladresses des «Soldats ».
Pour Agnès Sourdillon et pour les quelques moments de grâce que nous offre Anne-Marie Liégeois on peut se déplacer jusqu’au théâtre 71 et surtout ne pas céder au découragement qui peut survenir à l’entracte.
Le meilleur est alors à venir.
Francis Dubois.
Théâtre 71 Scène nationale de Malakoff, 3 place du 11 novembre 92 240 Malakoff.
Réservations ( partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 55 48 91 00
Spectacle en tournée:
Du 6 au 9 février La Volcan Scène nationale du Havre. – Le 20 février à Mons Arts de la scène – Le 3 mars les 3T Scène conventionnée de Chtellerault – Les 7 et 8 mars Le Cratère Scène nationale d’Alès – Du 20 au 22 mars, Théâtre de l’Union CDN du Limousin – Du 27 au 29 mars, Théâtre Dijon Bourgogne.
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