Une femme rejoint chaque nuit un homme dans une chambre d’hôtel du bord de mer. Elle ne doit résister à aucun de ses désirs. Elle doit se plier à ses tous ses désirs, elle est payée pour ça.
En 1982, Marguerite Duras publie un court récit de soixante pages, « La maladie de la mort » dans lequel un homme, homosexuel et sans désir pour les femmes, est cependant à la recherche de l’amour. L’homme achète le corps de la femme pour tenter d’aimer et trouver quelqu’un qui pourrait l’aimer. Le thème de l’amour impossible, de l’absence du désir est la reproduction de la relation que Marguerite Duras a entretenue avec Yann Andréa.
Sur le plateau du théâtre des Bouffes du Nord, une chambre, un couloir d’hôtel et à jardin, une cabine de verre dans laquelle va prendre place la lectrice Irène Jacob, qui lira en off le texte du roman.
L’agitation qui règne sur le plateau serait-il la dernière main mise à l’installation du dispositif ?
Non pas, ce sont les allées et venues des vidéastes et techniciens qui vont sillonner la scène pendant tout le spectacle et grâce à qui on pourra voir sur l’écran en surplomb, ce que la pudeur représentée par un rideau coulissant nous interdit de voir en chair et en os.
Sept techniciens pour deux (trois comédiens), comment se retrouver dans ces allées et venues qui prennent parfois l’allure d’une cohue ?
Les comédiens sacrifiés par le dispositif donnent quelquefois l’impression de ne pas savoir où ils en sont de leurs habillages, déshabillages, ce qui explique sans doute la mauvaise qualité de l’exécution de leur partition…
Très vite, on devine que la mise en scène à la fois cadenassée et dispersée de Katie Mitchell ne servira pas le texte de Marguerite Duras, que l’abondance de rajouts chichiteux et l’utilisation désordonnée d’une vidéo «systématique» cédant aux codes qui régissent le théâtre depuis quelque temps va nous éloigner du propos.
Il ne manque plus pour répondre aux clichés des mises en scène qui font fureur sur les plateaux de certains théâtres cette saison, que la présence d’une cuvette de wc, de quelques lignes de cocaïne et d’une giclée de fumigène. Mais on ne saurait penser à tout!
Irène Jacob, depuis sa cabine de verre, égrène le texte de Marguerite Duras et c’est peut-être en référence à la la mise en scène de Bérangère Bonvoisin en 2006 qu’elle adopte parfois les inflexions de voix de Fanny Ardant.
Ou bien cherche-t-elle, face au fatras, à retrouver la fameuse musique de l’écriture de Duras ?
C’est ici, peine perdue.
Francis Dubois
Théâtre des Bouffes du Nord 37 bis Boulevard de la Chapelle 75 010 Paris
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