A quarante ans, si Steve Landry fait le bilan de sa carrière de boxeur, il doit se rendre à l’évidence : il totalise beaucoup plus de combats perdus que de victoires. Ce score qui ne l’aide pas à trouver de nouveaux contrats le renvoie chaque jour un peu plus à l’anonymat et s’il travaille comme employé dans un établissement de restauration rapide, il a toujours beaucoup de mal à tourner la page et à se faire à l’idée qu’il pourrait bientôt se résigner à raccrocher les gants.

C’est pour un dernier sursaut qu’il finit par accepter une offre que beaucoup de boxeurs en fin de course refusent habituellement : devenir le sparring-partner d’un champion, une sorte de putching-ball vivant, servant à l’entraînement de celui-ci.

Cinéma : Sparring
Cinéma : Sparring

«Sparring» n’est pas un film sur la boxe. C’est un film sur l’univers d’un boxeur qui, toujours et en dépit des échecs et de son âge, reste saisi par l’attirance du ring. Même s’il est au centre du récit, le ring n’est pas le cœur du film. L’essentiel de « Sparring  est plutôt du côté de la solitude du boxeur mis sur la touche, de ses états d’âme, des regrets à propos de ces occasions manquées qui ont fini par faire de lui un looser.

Et cela même si Steve n’est pas un homme à vivre sur son passé, mais un esprit positif, un battant résolument tourné vers l’avenir, il est quelqu’un qui tente d’harmoniser sa vie entre sa course aux contrats, la violence des combats et une vie de famille entière, ordinaire et la plus douce possible.

Son visage cabossé ne l’empêche pas de vivre au quotidien sa vie d’époux attentionné, de père attentif, soucieux de garder le sens de l’essentiel.

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Steve, et c’est la toute la force et la singularité du film de Samuel Jouy, est un ouvrier du ring, un anonyme parmi les anonymes, le boxeur de l’ombre dont le souci de garder sa dignité n’est pas tant pour une image de lui-même que pour celle qu’il offre, en dépit des humiliations du boxeur déchu, à ses proches, sa femme aimée et cette fille à qui il veut, malgré les obstacles, offrir un avenir à hauteur de ses espérances.

Il y a eu de nombreux films sur la boxe mai s «Sparring» aborde le sujet sous un angle inédit et le film de Samuel Jouy réussit à établir un équilibre entre l’homme et le boxeur. Steve s’est tracé une ligne et c’est pour ne pas y déroger qu’il accepte de devenir sparring. Et c’est sur le terrain de la dignité bafouée qu’il va prendre une revanche sur la médiocrité qui le guettait.

Le film repose sur un scénario au «scalpel», sur une écriture ciselée mais également sur un casting de toute beauté. Mathieu Kassowitz est un Steve à la fois frêle et géant. Il prouve ici (si c’était encore à prouver) qu’il est un de nos grands comédiens. Il est magnifique de force et de détermination. La jeune comédienne qui incarne la fille du couple au caractère bien trempé est très bien, rude et bouleversante. Et Olivia Merilahti en épouse vigilante est très bien aussi.

Une très, très bonne surprise.

Francis Dubois


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