Ancien joueur de foot qui a abandonné le terrain, Franck, un solide garçon pourtant dans la force de l’âge, est devenu homme «à tout faire» auprès d’Yves, l’entraîneur d’un club de province.

L’essentiel de ses activités au sein du club consiste à suivre de près les joueurs, à travailler au recrutement des éventuels postulants, à contenir les débordements et à les maintenir dans les rangs de l’équipe, les règles élémentaires de discipline.

Un soir, Franck rencontre Salomé frêle jeune femme, belle et ambitieuse, sorte de « madone des stades » et sur qui les joueurs de foot opèrent une attirance.

Si une tendre relation s’établit entre Franck et Salomé, celle-ci n’hésite pas, dans le même temps, à jeter son dévolu sur Djibril, un ancien champion venu finir sa carrière au Club.

Cinéma : La surface de réparation
Cinéma : La surface de réparation

Si Christophe Regin a tenu à distribuer le rôle du directeur de Club à Hippolyte Girardot, c’est en référence à «  Un monde sans pitié  » le film d’Eric Rochant dont le visionnage, alors qu’il était en terminale, a définitivement orienté ses choix vers le cinéma.

Il entre en fac de cinéma, réalise ses premiers courts métrages et manque de peu de se consacrer à la production avant de revenir à son vrai choix, celui de « réaliser ».

L’idée de construire une histoire à partir d’un personnage qui vit dans l’ombre d’un club de foot est née d’une histoire «vraie».

Joueur de foot, Christophe Regin a eu l’occasion de croiser un joueur qui avait grandi au pied du stade, qui après avoir renoncé à une carrière, étant incapable de rompre avec le foot était devenu un satellite des stades et s’était contenté de se cantonner à un rôle de supporter fanatique, tour à tour vendeur de billets à la sauvette ou revendeur de maillots d’obscure provenance.

Pour Christophe Regin qui a bien connu les ambiances à la périphérie des matchs, le foot est un terreau de fiction très riche à condition de l’aborder par ses marges et ses personnages périphériques

qui se contentent des miettes du gâteau.

C’est avec ce regard qu’il a réalisé «La surface de réparation » une film qu’il qualifie d’anti-spectaculaire, à contre-courant de l’image qu’on a habituellement de ce milieu.

Dans le film, Franck vit dans les coulisses du FC Nantes. Il est à la fois espion auprès du dirigeant, intermédiaire des joueurs, chaperon des plus jeunes…

Il est devenu en dix ans de l’exercice de ces activités dans l’ombre, un maillon essentiel du Club, tout en n’en faisant pas vraiment partie.

Cette place qu’il occupe à la marge fait sa fierté et sa force mais cette situation floue dans laquelle il évolue l’empêche de faire le deuil de ses rêves de jeunesse et de se projeter dans une vie d’adulte assumée.

Sa rencontre avec Salomé dont il tombe amoureux, quoique bancale et d’avance sacrifiée, va l’aider à passer le pas.

Christophe Regin a réussi avec «La surface de réparation» un beau film à la fois rugueux et sensible. Un film qui serait à l’image de Franck, interprété avec force par un presque nouveau venu :

Franck Castambide, acteur à la fois charismatique et à fleur de peau.

Mais le personnage du film le plus réussi est celui de Salomé . Christophe Regin a écrit là un personnage complètement inédit, celui d’une sorte d’aventurière des temps modernes mais qui renverrait au cinéma de l’après guerre avec cette addiction aux joueurs de foot et son goût pour vivre pleinement des moments éphémères.

Une franche réussite.

Francis Dubois


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