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« The last family » est parti d’une histoire vraie, celle du peintre Zdzislaw Beksinski et de son entourage.

Pendant de nombreuses années,l’artiste a filmé chaque jour sa propre intimité à l’aide d’une caméra VHS.

Ces sources visuelles et sonores sont la base du film qui est devenu le portrait incisif d’une famille à la fois banale et totalement singulière.

Une famille composée du père, un peintre surréaliste, de la mère, une femme douce, bienveillante et conciliante et d’un fils impulsif, ponctuellement suicidaire, devenu animateur radio dans les années 80, d’une grand mère grabataire.

Il n’ y aurait jusque là aucun élément scénaristique qui sorte le film de l’ordinaire mais très vite le récit prend une tournure singulière.

Qu’est-ce qui fait que cette chronique intime qui pourrait être attendue, devienne celle d’une famille hors normes.

Cela agit un peu comme si le récit, au lieu d’adopter une lige droite, accusait une légère déviation narrative de départ qui ne ferait que s’accentuer dans un déroulement chaotique des choses .

« The last family  » aurait pu évoluer autour du peintre Zdzislaw Beksinski, de son œuvre et de son travail consistant à l’aide d’une camera, à faire de lui le spectateur du déroulement de son quotidien et de celui de sa famille.

Mais le père n’existe pas comme un peintre mais comme un simple composant de la famille au même titre que la mère ou le fils.

Le peintre est représenté par la présence de ses œuvres accrochées sur les murs de l’appartement et par deux ou trois séquences au cours desquelles des acheteurs, des collectionneurs en discutent le prix d’acquisition.

Cinéma : The last family
Cinéma : The last family

Jan P. Maruszynski, sans porter une très grande admiration au peintre, mais cependant intrigué par la personnalité de l’artiste, avait déjà eu le projet de faire un film sur lui et sa famille mais sans trouver une forme adéquate à donner au récit.

Lorsqu’il a été amené à lire un scénario qu’avait écrit Roberto Bolesto, il y a immédiatement trouvé ce qu’il recherchait.

La peinture de cette famille étrange et intrigante est propre à s’accommoder de nombreuses archives, lettres, journaux intimes, cassettes vidéo, de la limite entre le documentaire et la fiction, de telle sorte que la vérité documentaire soit tournée comme de la fiction et que la fiction prenne des airs du documentaire.

« The last family  » contient de nombreux faits réels mais refaçonnés, recréés afin que les pistes narratives soient constamment brouillées.

Il repose sur la personnalité du père-peintre à propos de qui on peut se poser la question de savoir pourquoi il a éprouvé tout au long de sa vie et sans jamais y manquer, le besoin, la nécessité de filmer au quotidien.

L’enregistrement sur vidéo est-il une manière de contrôler le monde et lorsqu’il filme sa femme après sa mort, ce n’est sans doute pas dans un esprit morbide mais pour contenir une situation terrifiante.

Un film sur la fatalité et la mort. Un récit sans cesse tenu en équilibre entre la chronique familiale ordinaire et par une sorte de jeu de dérapage à peine sensible, une légère coloration fantastique qui fait de «  The last family » un film inclassable.

Une œuvre singulière mais prégnante..

Francis Dubois


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