Depuis son enfance difficile en Pologne en passant par l’épisode de son adolescence à Nice, le jeune Romain va suivre sa mère le long de son chaotique tracé professionnel. Une mère battante avec laquelle il entretient une relation passionnée.
Ce jeune garçon deviendra plus tard un aviateur chevronné qui se fera remarquer par ses exploits pendant la seconde guerre mondiale au point de recevoir la médaille militaire des mains du Général de Gaulle qui lui ouvrira les portes d’une carrière de diplomate.
Obéissant à la volonté de sa mère qu’il veut qu’il réussisse autant dans les domaines de la littérature que dans celui de la diplomatie, il deviendra un écrivain célèbre (deux Prix Goncourt), Secrétaire d’état avant de siéger à l’ONU et d’être nommé ambassadeur de France à Los Angeles.
Promesse tenue vis à vis de cette mère tendre et autoritaire qui, bien que décédée depuis trois ans, aura prévu une longue correspondance posthume pour l’entretenir dans un avenir à la hauteur de ses ambitions.
«La promesse de l’aube» est l’adaptation du roman culte de Romain Gary dont d’autres œuvres littéraires avaient donné lieu à des films ( «Les racines du ciel » notamment, superproduction hollywoodienne de Daryl Zannuck avec au générique les noms d’ Errol Flynn, de Trevor Howard).
En mettant sur pied cette nouvelle superproduction française, les producteurs souhaitaient revenir à un cinéma ambitieux et populaire dans la lignée du « Hussard sur le toit », de « Germinal » ou de « Jean de Florette »
Un cinéma classique et spectaculaire qui se fait plus rare aujourd’hui pour la simple raison qu’il est peut-être devenu obsolète.
Une grande fresque historique comme récemment «La promesse », le film qui mêlait une histoire d’amour romantique à celle du génocide arménien a-t-elle rencontré le public qu’elle visait, atteint ses objectifs d’exploitation ?
«La promesse de l’aube» est un roman d’aventure initiatique qui retrace vingt années de le vie de Romain Gary et de sa mère, brinquebalés de péripétie en péripétie, de pays en pays, d’occasions saisies ou ratées, de rencontres, de hasards heureux ou malheureux…
Un récit foisonnant qu’il s’agissait de concentrer sur l’essentiel tout en restant fidèle à l’esprit du roman et que Eric Barbier a distribué selon trois grands axes : l’enfance en Europe de l’Est, la jeunesse en France et l’âge d’homme avec la guerre, la reconnaissance du personnage dans les domaines de la diplomatie et de la littérature.
Eric Barbier et ses producteurs attachés au projet depuis des années, auront-ils gagné leur pari avec cette adaptation ambitieuse et une distribution risquée qui fait porter sur les épaules de Charlotte Gainsbourg et de Pierre Niney, plus que sur une réalisation de facture plutôt «académique», le succès ou l’échec de l’entreprise ?
Si Pierre Niney réussit à imposer le personnage de Romain Gary et s’il est aussi convaincant dans les scènes d’émotion que dans les moments de bravoure, on peut être plus réservé quant à la performance de Charlotte Gainsbourg qui semble, d’un bout à l’autre du récit, courir après la dimension, l’ampleur du personnage de la mère.
Les courtes apparition de Jean-Pierre Daroussin ou de Didier Bourdon sont elles, très convaincantes.
Il reste à espérer que le public mordra à l’hameçon de cette superproduction qui se laisse voir.
Francis Dubois
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