Quand Maria Callas disait « Il y a deux personnes en moi: Maria et Callas», s’agissait-t-il d’une formule ou au contraire, du fruit d’une vraie réflexion à propos de sa vie ? Le film de Tom Volf répond bien à la question.
Artiste en quête d’absolu, elle a atteint le sommet de son art et celui d’une célébrité à l’échelle mondiale.
«Maria by Callas» retrace en trois périodes (plus une), le récit d’une vie exceptionnelle où le personnage Callas dévoile celui de Maria, qui furent à elles deux une seule personne dont la personnalité mêlait force, passion et fragilité.
Le film, conçu à la première personne, sans autre regard que le sien, est un moment d’intimité en compagnie d’une icône qui révèle toute l’émotion de cette voix unique au monde.
Maria Callas disparaissait il y a tout juste quarante ans et le réalisateur Tom Volf est en quelque sorte devenu le commissaire officieux des célébrations de cet anniversaire avec la parution de trois ouvrages, la création d’une exposition et la mise en scène d’un film.
Pour ce qui est du film, il s’agissait de s’attaquer à un projet immense. Mais dès lors que Tom Volf s’est plongé dans la vie de Maria Callas, il n’ a plus démordu du projet de réaliser un documentaire qui serait destiné au cinéma et non pas à la télévision comme on le lui avait proposé.
Il lui a fallu commencer par défricher et déchiffrer un nombre incalculable de documents, photographies, lettres avec en tête le souci de les contenir et de les organiser de telle sorte que le film qui en résulterait ne dépasse pas une durée normale.
Le film ne pouvait pas à lui seul tout contenir et c’est pour cette raison et pour ne rien laisser de côté de ce trésor, qu’il a écrit un premier livre qui relayait le récit du film. Puis un second, pour les mêmes raisons, puis un autre encore qui regroupait la correspondance de Maria Callas.
«Maria by Callas» accompagne Maria Callas dans le temps, au cours des trois périodes qui ont découpé sa vie : ses débuts dans les années 50, sa gloire dans les années 60, son apogée et ses premiers signes de faiblesse dans le années 70.
L’interview est le seul support du film et tous les mots qui y sont prononcés sont ceux de Callas même quand ses propos sont relayés en voix off par Fanny Ardant.
On peut ajouter aux trois périodes qui apparaissent distinctement dans le déroulement du film de Tom Volf, une quatrième, celle qui, faisant suite à la douloureuse séparation d’avec Onnasis dont le mariage avec Jackie Kennedy, fut pour la célèbre cantatrice une véritable estocade, la laissa démunie et l’abandonna à sa solitude dorée.
La parenthèse cinéma avec le tournage de «Médée» sous la direction de Pasolini apparaît dans sa vie comme une embellie. Mais alors qu’elle aurait souhaité interpréter Lady Macbeth ou tourner dans une comédie, l’occasion de retrouver les studios ne se reproduisit plus.
Un film qui ravira les admirateurs de la voix de Callas mais aussi ceux qui apprécieront un beau récit émouvant sur les revers de la célébrité et de l’adulation…
Francis Dubois
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