La question a depuis longtemps été posée de savoir comment faire en sorte pour qu’enseignement rime avec plaisir de recevoir et de transmettre.
Elle se pose aujourd’hui plus spécialement pour des adolescents qui, pour de multiples raisons, se sont retrouvés sur la touche du système éducatif, ceux qu’on nomme les «décrocheurs».
Le film d’Abraham Segal conçu en collaboration avec le sociologue et philosophe Edgar Morin pousse la porte de deux sortes d’établissements de l’enseignement public. Celles de l’école Decroly à Saint Mandé, du Lycée autogéré de Paris ou de plus loin, du Lycée Edgar Morin à Douai . Des établissements qui ont jumelé un enseignement des connaissances avec des méthodes qui accordent aux enfants autonomie et prise en charge par eux-même d’une part de la pédagogie.
Ceux qui, comme le Micro Lycée de Vitry ou le « Pôle innovant lycéen» qui tentent par des méthodes adaptées de pédagogie concrète, de redonner goût à l’apprentissage des connaissances à ceux qui ont «égaré» le goût d’apprendre.
Le premier film d’Abraham Segal en 1971 était une critique radicale du système scolaire en France réalisé dans la foulée de mai 68. On y critiquait l’«école caserne» exprimée dans le film par Fernand Oury, chercheur inspiré par la pratiques et la pensée de Célestin Freinet.
Si «B.A.BA » à l’époque montrait les aspects négatifs de l’enseignement scolaire, «Enseignez à vivre» dresse le portrait positif du domaine de l’éducation.
On y trouve des pratiques pédagogiques qui favorisent l’épanouissement des jeunes, les rapports de confiance entre enseignants et enseignés, la possibilité pour les adolescents de trouver une vraie place à l’école.
En 2015, Edgar Morin avait demandé à Abraham Segal de l’accompagner à Douai pour filmer la rentrée au Lycée d’Excellence qui porte son nom et où les enseignants ont une pratique pluridisciplinaire ouverte sur la cité. Pour tous les deux, le tournage de cette rentrée scolaire allait constituer en partie, la trame d’un film documentaire sur une autre éducation possible. L’intention d’Abaham Segal était de filmer dans des lieux différents mais qui ont en commun la mise en place d’un enseignement où l’on garde des espaces de liberté avec des relations bienveillantes entre enseignants et enseignés.
Le rencontre d’Edgar Morin avec les lycéens de Douai et avec des «décrocheurs» du PIL (Pôle innovant lycéen) constituent les points forts du film. Les séquences tournées à l’intérieur de ces deux établissements prouvent qu’Edgar Morin n’est pas seulement un théoricien mais un homme ouvert au «terrain».
Il est sans doute à noter que ces pédagogies ouvertes et éclatées, ces expériences louables, n’existent pas que dans les établissements cités dans le film, qu’il existe partout aujourd’hui des enseignants à la recherche de solutions avec les moyens du bord et de véritables novateurs enthousiastes sur le terrain.
Le film d’Abraham constate. Il interroge plus qu’il ne donne de réelles solutions et en ce sens, il pourrait être vu par un grand nombre d’enseignants, d’élèves et de parents pour donner lieu à des débats passionnants et qui sait, créer des vocations….
Francis Dubois
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu