Tommaso, la cinquantaine élégante, est un chirurgien reconnu qui, à coups de réparties sèches et directes et à cause des rapports dénués de la moindre chaleur qu’il entretient avec le personnel de l’hôpital, s’est forgé une réputation d’individu hautain et méprisant.

Avec son épouse Carla, femme au foyer, ils ont élevé leurs deux enfants dans un profond esprit de laïcité.

Le jour où Andrea, le fils aîné, annonce qu’il a une révélation à faire à sa famille, chacun pense qu’il s’agit de son coming-out puisqu’on l’a vu le plus souvent sortir le soir en compagnie du même garçon.

Tous, sur la demande de Tommaso répètent la réponse la plus conciliante possible qu’ils donneront après la révélation.

Or, Andrea, au lieu d’annoncer son homosexualité à laquelle chacun s’est préparée, annonce qu’il s’apprête à rentrer dans les ordres.

Tommaso dont la réaction tient dans les quatre mots « tout-mais-pas-ça » lance des recherches et découvre que dans son cheminement pour rentrer dans les ordres, Andrea est accompagné par un prêtre «moderne» qui conduit son postulat de façon très contemporaine.

Il en déduit que son fils a été la victime de la démagogie de l’ecclésiastique chez qui il décèle des signes sectaires.

Tommaso est bien décidé à tirer son fils de ce mauvais pas et il utilisera pour cela tous les moyens possibles et quoiqu’il puisse lui en coûter.

Cinéma : Tout mais pas ça
Cinéma : Tout mais pas ça

Le début du film est mené tambour-battant avec la présentation du naturel bourru et hautain d’un Tommaso aussi distant avec les membres de sa famille que dans son cadre professionnel.

Une première fêlure craquelle la carapace du père de famille rigoureux lorsqu’il voit son fils enfourcher une moto, accroché au torse du jeune homme qui l’accompagne.

Or, comme Tommaso n’aime pas être pris au dépourvu, il anticipe la prochaine révélation de son fils.

La répétition du texte que chacun dira au moment de la révélation est un moment savoureux ainsi que le moment où le fils annonce sa détermination à consacrer sa vie à Dieu, alors que finalement, chaque membre de la famille aurait finalement préféré qu’il la consacrât à un homme.

La retournement de la réaction familiale est également un moment de franche comédie.

Jusque là, on est dans la tradition de la comédie italienne telle qu’on nous la servait dans les années soixante-dix, drôle, satirique, voire franchement méchante. On jubile.

Mais lorsque Tommaso décide de tirer son fils des griffes du prêtre et qu’il se met à échafauder toutes sortes de stratagèmes pour piéger le manipulateur, le récit, peut-être parce qu’il avait été particulièrement savoureux jusque là, rentre dans une phase plus laborieuse, plus conventionnelle avec notamment les transformations physiques de Tommaso, l’élaboration des supercheries sensées piéger le prêtre.

Subsistent encore des séquences drôles, des moments rocambolesques qu’un dénouement un peu rafistolé entraîne dans une sorte de morosité narrative qui n’est jamais rattrapée.

Il reste néanmoins qu’on a frôlé un vrai retour à la «comédie italienne» et qu’au bout du compte, avec les séquences drôles et satyriques qui l’emportent sur le reste, on garde, malgré certaines déconvenues, une impression de jubilation.

Les comédiens sont tous parfaits et Laura Morante est toujours aussi belle.

Francis Dubois


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